Un génie de l’architecture de la Renaissance

Filippo Brunelleschi (1377-1446)  est un véritable génie de l’architecture et un artiste exceptionnel, dont le talent restera inégalé bien des années à venir.

Par Mehdi Emamifard
Publié en Mai 2023

Simple orfèvre sans formation formelle en architecture, il a défié toutes les critiques de son temps et toutes les probabilités. Le dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence, qu’il a conçu de 1420 à 1436, est encore considéré aujourd’hui comme une prouesse architecturale. Un brillant précurseur de la Renaissance.

Brunelleschi est né en 1377 à Florence, à une époque de grande imagination et d’innovation. Génie insaisissable et énigmatique, homme méfiant et secret, il a laissé très peu d’artefacts de son travail ou de ses dessins. Pourtant, il est l’auteur de l’un des exploits architecturaux les plus brillants de tous les temps.

Il est le génie qui théorisa la « perspective mathématique », qui régissait la représentation picturale de l’espace. Orfèvre, horloger puis sculpteur, il abandonne bientôt la sculpture pour poursuivre dès 1416 sa passion de toujours pour l’architecture.

Fasciné par l’architecture romaine, Filippo Brunelleschi part à Rome étudier les ruines antiques et les principes de l’architecture de l’Antiquité. Il voulait notamment comprendre les proportions et les méthodes de taille de pierre, afin de nourrir ses réalisations futures.

Pour Brunelleschi, formé à l’académie néo-plutonienne créée par la famille Médicis de Florence, la beauté n’est qu’une illusion des sens. Il va donc s’attacher à amplifier la sophistication de l’architecture romaine, tout en la portant à un autre niveau.

Le dôme de la cathédrale Santa Maria Del Fiore au cœur de Florence est aujourd’hui considéré comme l’une des réalisations les plus remarquables de l’humanité dans l’art et la science de la conception des coupoles. Bien que les gloires de la Rome antique faisaient alors l’objet d’un discours populaire, seules certaines personnes avaient étudié en détail le tissu physique de ses ruines, jusqu’à Brunelleschi et Donatello. Brunelleschi a poussé l’étude de l’architecture romaine classique dans tous les éléments caractéristiques de ses conceptions, en ce compris l’éclairage, la minimisation des éléments architecturaux distincts dans un bâtiment et l’équilibrage de ces éléments pour homogénéiser l’espace.  Il apparaît que Brunelleschi a vraiment été inspiré par le bâtiment du dôme romain du Panthéon, en opposition totale avec l’architecture de l’époque gothique, ses murs encombrés d’arcs-boutants et ses hautes flèches.

Le Panthéon est un temple classique honorant tous les dieux romains. Son dôme, inégalé à l’Antiquité, avait donc une signification particulière pour l’architecture de l’époque. Son haute technique d’ingénierie avait été perdue par des siècles de conflits internes et externes dans l’Empire romain, jusqu’à ce que ces Florentins du XIVe siècle, Brunelleschi et Donatello, entreprennent de faire revivre et de glorifier cette technique séculaire de fabrication de dômes.

Bien que Brunelleschi n’ait pas été architecte de formation ou académiquement, il a relevé le défi de construire le dôme de la cathédrale de Florence. Il l’a fait par passion et par conviction, avec une touche de génie, prouvant ainsi que tout est possible avec détermination et motivation. Son œuvre résiste et résistera aux défis du temps pendant des siècles après sa mort.

Giorgio Vasari, dans son ouvrage Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, relate que Brunelleschi, interrogé sur la façon dont il va concevoir le Dôme, répond : « Je ne vous dirai pas comment je vais le faire parce que si je vous le dis, ma méthode sera si claire et si logique que tout le monde voudra le faire.  Mais je vais vous faire une démonstration de la façon dont je l’aborderais, et si vous pouvez faire ce que je vous ai assigné comme tâche, alors je vous dirai ma méthode pour construire le dôme. »

Michael Emami