Que la vie en vaut la peine !

« C’est une chose étrange à la fin que le monde ». Oui, j’y crois sincèrement. Le monde est étrange, le monde est beau ! 

Par Ali Türek
Publié en Mai 2023

Chaque instant que nous vivons en est une démonstration spectaculaire. Parfois frappant, souvent trop discret... Il y a des moments dans la vie, des moments où le monde autour de vous semble vous écraser, où vous vous sentez mal. Puis, il y en a d’autres où des lumières jaillissent à partir d’un petit rien. Votre regard change. Votre vie s’illumine. 

Ce que j’appelle « le moment Aragon » est un de ces moments-là. 

« C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes.

(...)

“Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant.
 »

Vous lisez un de ses poèmes et vous le trouvez beau ! Sa poésie vous embarque et vous emmène loin de la médiocrité habituelle du monde qui vous entoure. Les nuages se dégagent, les lumières envahissent vos yeux. Votre regard change. Votre vie s’illumine. 

L’écrivain des plus beaux vers d’un grand amour voué à son épouse Elsa Triolet a été un grand poète, un grand romancier et finalement, un grand communiste. Son nom a sans doute été une des plus grandes signatures de la littérature française du vingtième siècle. Il a été et il l’est encore. Ses poèmes se lisent, ses vers sont chantés dans des mélodies inoubliables de Léo Ferré ou Jean Ferrat. Ses romans restent encore dans les meilleures vitrines des librairies. Celui qui a participé au mouvement dada, puis au mouvement surréaliste avec d’autres poètes comme André Breton ou Paul Éluard, a développé une poésie toute particulière. Et sa poésie demeure encore toute puissante.

« C'est parce que j'écris que je suis devenu ce que je suis devenu, mais non pas le contraire », disait-il en 1967. Quel bel hommage à l’écriture, et à travers elle, à la vie !

Poète des plus beaux vers, poète de la résistance au communisme, Louis Aragon meurt un 24 décembre, en 1982. Il est inhumé dans le parc du Moulin de Villeneuve aux côtés de son grand amour, Elsa Triolet. Il meurt, mais “le moment Aragon” demeure. La force de ses mots traverse les années pour nous atteindre à un moment complètement inattendu. Puis, notre regard change, notre vie s’illumine.

« N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.
 »

Et nous avons envie de le répéter : que cette vie fut belle !

Quel bel hommage à la vie !

Ali Türek