Re-bonjour Aujourd'hui La Turquie et nos chers lecteurs

En 2008, alors que j'étais étudiante en Sciences politiques à l'Université de Marmara, au Département d'Administration publique en français,

Par Dr. Gözde Kurt-Yılmaz
Publié en Mai 2023

et que j'ai vu pour la première fois un de mes camarades de classe envoyer des messages à l'aide du clavier de l'écran tactile d'un téléphone portable Apple à la main, j'ai entendu les pas de l'ère de la communication numérique qui allait rapidement changer nos vies. C'est alors que j'ai compris que cette technologie allait non seulement nous éblouir, mais changerait bien des équilibres dans le monde. À la même période, Facebook est entré dans ma vie, grâce à un ami proche. Dans cette nouvelle ère où nous commencions à réaliser que le monde était à portée de main, il n'y avait dans le département qu'un seul cours à option lié au domaine de la communication. La science politique et le domaine de la communication, pourtant considérés depuis Aristote comme deux domaines allant de pair, étaient insuffisamment imbriqués dans le cursus de l'université. Un étudiant diplômé en sciences politiques devenait « politologue » sans connaître les dynamiques de base du domaine de la communication et de la communication politique, qui sont pourtant les fondements de ces sciences. Les politologues qui ne connaissent pas les modes de gestion de la propagande et de la perception, les chambres d'écho, les bulles de filtre, les comptes bots et les trolls, ont de grandes difficultés à comprendre la politique d’aujourd’hui. Pour cette raison, je crois qu'il est nécessaire de donner une plus grande place aux cours de communication et de communication politique dans les départements de sciences politiques.

Les cours que j'ai suivis au Département m'ont fourni une base solide dans mon parcours académique pour pouvoir raisonner et avoir un esprit critique. Mais surtout, le cours optionnel sur les médias et la communication du Dr Ümit Arat m'a incitée à m’interroger sur l’importance de la communication, bien des mois avant de recevoir mon titre de politologue. Où en étais-je dans cette révolution qui s’opère dans le domaine des communications ? Où en étaient la Turquie et le monde ? Dans quelle mesure connaissais-je le domaine de la communication en tant que politologue ? Quelqu'un qui ne connaîtrait pas le domaine de la communication pourrait-il être un bon politologue ? Ces questions ont commencé à tourner dans ma tête lorsque j'ai compris que nous allions assister à la danse du domaine des sciences politiques et de celui de la communication, pour de nombreuses années. Je savais que pour mieux connaître le domaine de la communication, je devais d'abord travailler dans un journal et faire une maîtrise dans ce domaine.

À cette époque, il était très difficile en Turquie de faire des stages dans des organisations médiatiques sans des relations et des références importantes. La situation n'est guère différente aujourd’hui. Lors de mes recherches de stage, je n'ai pu obtenir de réponse positive à plusieurs de mes candidatures, ou bien j'étais confrontée à la question « Connaissez-vous quelqu'un de la maison ? ». Ainsi, lorsque j'ai postulé pour un stage au journal Aujourd'hui la Turquie, j'étais un peu lasse, mais aussi un peu pleine de l’espoir et de l'excitation de la jeunesse. Comme d'habitude, je me tenais sur mes gardes pour pouvoir affronter la déception d’une éventuelle réponse négative, et j'ai tout de même introduit ma candidature. Être jeune en Turquie signifie souvent vivre sur ses gardes. Lorsque j'ai reçu une réponse positive du journal, j’ai vraiment été très heureuse. Ce fut un privilège pour moi de faire mon stage à Aujourd'hui la Turquie, le seul journal francophone en Turquie. Pendant mon stage au journal en tant que jeune étudiante en sciences politiques, avec le Dr. Hüseyin Latif, nous sommes allés interviewer le politicien Hüsamettin Cindoruk dans son bureau à Beyoğlu. Nous étions conviés dans le monde des peintres, des écrivains et des penseurs. Travailler dans le journal, écrire des nouvelles, rencontrer de nouvelles personnes, côtoyer des gens avec qui vous n'entreriez normalement jamais en contact, a accru mon amour et mon respect pour le journalisme. Je n'ai jamais oublié que ma première nouvelle dans le journal concernait les fameux abricots de Malatya ; et surtout, je n'ai jamais oublié et je n'oublierai jamais non plus que le Dr. Hüseyin Latif, propriétaire et fondateur du journal, a ouvert ses portes à de jeunes étudiants comme moi sans poser la question « Connaissez-vous quelqu'un de la maison ? » Un an après mon expérience de stage à Aujourd'hui la Turquie, où j'ai eu l'occasion de connaître le monde des médias et comprendre l’importance et la valeur du métier de journaliste, j'ai obtenu mon diplôme du Département des Sciences politiques en 2009, et j'ai commencé ma maîtrise au Département d'Études des Médias et de la Communication à l'Institut des Sciences sociales de l'Université de Galatasaray. Ensuite, grâce à l'importance que l'Université de Galatasaray accorde à la pensée libre et critique, j'ai obtenu mon diplôme du programme doctoral d'Études sur les Médias et la Communication de cette université en 2016. Cela faisait alors exactement huit ans que j'avais commencé à travailler à Aujourd'hui la Turquie, en 2008. Or en 2016, le domaine de la communication, qui n'était pas suffisamment implanté dans les cursus universitaires, entraînait déjà dans son tourbillon la politique en Turquie et dans le monde. Sur le terrain académique, j'étais l'une de ceux qui observaient et analysaient ce qui se passait sur la piste de danse.

Travailler à nouveau à Aujourd'hui la Turquie et vous rejoindre aujourd'hui, comme il y a de nombreuses années, est très spécial et très significatif pour moi. La preuve que ce journal et son cerveau et son âme, le Dr. Hüseyin Latif, gardent vivantes les valeurs qu'ils défendent avec l’existence de la publication elle-même et son système de travail, c'est le fait que je vous rejoigne en tant que chroniqueur, au sein de ce journal où j’ai débuté en tant que stagiaire il y a 15 ans. C'est si agréable de se retrouver après toutes ces années… Re-bonjour, Aujourd'hui la Turquie et nos chers lecteurs… Au plaisir de vous revoir en juin !

Dr. Gözde Kurt-Yılmaz