Printemps 2023 : où en est la Moldavie ?

La présidente Maia Sandu a, depuis son élection le 24 décembre 2020, fort à faire pour le maintien de sa politique pro-occidentale, avec son double projet d’adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne.

Par Dr. Olivier Buirette
Publié en Mai 2023

Ce petit pays d’un peu plus de 2,5 millions d’habitants est indépendant depuis le 27 aout 1991, succédant ainsi à la République socialiste de Moldavie née de l’annexion par l’URSS de Staline dans le cadre du Pacte germano-soviétique (23 août 1939) et créée le 2 août 1940.

Pour comprendre les problèmes divers qui secouent cet État composé à 82,7 % de Moldaves dont la langue est le roumain, et avec une minorité de seulement 4,06 % de Russes, nous proposerons ici quelques retours historiques sur ces confins du sud-est de l’Europe souvent mal compris car peu connus.

L’ensemble de cet espace géopolitique fut en premier lieu partie prenante et intégrante de l’Empire ottoman ‒ dont on oublie souvent qu’il fut très largement européen, et ce depuis le XIVe siècle lui-même, en passant bien sûr par la prise de Constantinople en 1453 jusqu’au début de son reflux au XIXe siècle avec le retour des indépendances successives comme celle de la Grèce, par exemple, dès 1830.

Il faudra attendre en fait les résultats de la guerre de Crimée menée par Napoléon III de 1853 à 1856 pour que la Moldavie et la Valachie se trouvent confirmées en Principautés unies qui devaient devenir le foyer national roumain dans la région, à partir duquel la Grande Roumanie de 1920 issue du Traité de Trianon devait prendre toute son ampleur.

On notera donc à quel point la Moldavie se retrouve dès les origines partie intégrante de l’identité même de la Roumanie, une communauté culturelle historique et linguistique. C’est donc tout naturellement qu’elle sera une des provinces de la Roumanie de l’entre-deux-guerres, et ce même si une minorité de russophones se trouvait dans la région, tout comme d’autres similaires dans l’Ukraine voisine qui faisait partie intégrante de la Grande Russie des Tsars.

Tout devait changer avec la fin des années 30 et le Pacte germano-soviétique d’août 1939 qui dans son protocole secret, en plus du démembrement de la Pologne et de l’absorption des pays baltes, comportait l’annexion ni plus ni moins de la Moldavie qui allait ainsi devenir une République socialiste soviétique mises aux normes par Staline selon le principe utilisé par celui-ci depuis les débuts de l’URSS : à savoir, créer des régions autonomes pour les minorités afin de mieux contrôler les territoires annexés. L’exemple le plus connu en fut l’enclave arménienne du Haut Karabagh située en plein cœur de la RSS d’Azerbaïdjan de l’époque ‒ et le problème, on le sait, subsiste aujourd’hui.

Dans le cas de la Moldavie, l’enclave russophone devait se nommer la Transnistrie. Du moment que tout ceci était inclus dans l’immensité de l’URSS, les problèmes ne devaient pas attirer l’attention. C’est au moment de la dislocation de l’URSS que bien entendu la question de la Transnistrie devait prendre toute son ampleur. Ce que l’on appellera la guerre du Dniestr durera du 2 mars au 21 juillet 1992. Une fois le cessez-le-feu conclu, cela permettra à Boris Eltsine de laisser sur place la 8e armée russe comme garantie de protection de la République autoproclamée de Transnistrie, et donc de fait protégée par Moscou.

On voit donc bien ici toute l’importance que ce petit pays peut prendre dans le contexte régional actuel. Avec l’espoir bien sûr que la paix soit maintenue dans ces confins entre l’extension la plus orientale de l’Union européenne et les États qui formaient, jusqu’en 1991, l’ex-URSS.