Ce premier film d’animation réalisé par Michel Hazanavicius est une œuvre rare et vraiment précieuse : un chef-d’œuvre. Adapté du livre La Plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg, ce film débute comme un conte, fidèle à l’esprit de l’ouvrage. Mais ce n’est pas un conte…
Il se distingue par sa capacité à incarner des thèmes universels et poignants, en l’occurrence ici la Shoah, l’antisémitisme et le nazisme, tout en touchant le public avec une lumière d’espoir et de foi. En le regardant, dans le contexte troublé de notre monde actuel, il m’a été impossible de retenir mes larmes. Ce film m’a profondément ému car il entre en résonance avec les génocides perpétrés pendant la Seconde Guerre mondiale et les tragédies contemporaines, notamment en Palestine et en Ukraine.
Le récit commence doucement, à la manière d’un conte, avec ces mots : « Il était une fois une pauvre bûcheronne… ». Un modeste couple de bûcherons vit dans la forêt polonaise, près d’une ligne de chemin de fer où passent des trains « de marchandises » ‒ le spectateur comprend rapidement ce qu’il en est. On apprendra que le couple n’a pas eu d’enfant, à la grande tristesse de la bûcheronne mais pas de son mari.
Chaque jour, tandis que son mari travaille, cette femme démunie prie Dieu pour qu'il fasse tomber du train une marchandise alimentaire. C’est alors qu’un train passe, et qu’elle entend le cri d’un bébé. Elle se précipite dans la neige et découvre un nourrisson. Elle le ramène chez elle, déterminée à le nourrir et à le réchauffer.
Son mari ne tarde pas à découvrir le bébé et réagit violemment, déclarant qu’il est un « sans-cœur », ces êtres réduits à l’état de marchandise et méprisés de tous, et qu’il leur est donc impossible de le garder. Mais la bûcheronne décide de garder le bébé et l’installe dans une petite cabane. Peu à peu, le bûcheron, touché par l’innocence de l’enfant, s’attache à lui. Un jour, il finit par dire à ses amis, lors d’une beuverie, que même les « sans-cœur » ont un cœur. Ses camarades, d’abord moqueurs, commencent à soupçonner que le bûcheron leur cache quelque chose. L’un d’eux découvre alors que la bûcheronne s’occupe en secret de cet enfant reconnu comme un « sans-cœur ».
Ce secret attise la colère des autres bûcherons, qui se rendent armés chez le couple. C’est à ce moment que la tragédie prend une tournure déchirante. Je préfère ne pas dévoiler la suite, car je crois que ce film mérite d’être découvert par chacun.
Bien que tragique, ce film est une œuvre essentielle pour comprendre les drames du monde. Dans le contexte d’aujourd’hui marqué par les guerres en Palestine et en Ukraine, il est impératif de se souvenir du passé et d’en tirer des leçons. Il s’agit certes d’un film d’animation, mais il ne s’adresse pas aux enfants mais bien aux adultes. Il nous invite à réfléchir sur l’amour, la famille, l’amitié, et sur les souffrances humaines, qu’elles soient passées ou présentes.
Car cette histoire révèle le pire comme le meilleur du cœur des hommes. Le message qu’elle porte est universel : sans amour, la vie perd tout son sens.
Pour moi, ce film a une résonance toute particulière, car il me ramène aux guerres qui déchirent notre monde aujourd’hui. Je ne peux m’empêcher de penser aux atrocités vécues par les Juifs sous le régime d’Hitler, ces horreurs indicibles qui ont marqué l’histoire. Et pourtant, en observant les conflits actuels, je vois des tragédies similaires se répéter, comme si l’Humanité n’avait rien appris. En regardant ce film, je n’ai pas pu retenir mes larmes. Il m’a profondément touché par la puissance de son message et la vérité qu’il porte.
À la fin du film, le narrateur nous dit que cette histoire n’a jamais existé. On pourrait alors espérer qu’elle n’est qu’une fiction, une invention destinée à émouvoir. Mais hélas, cette histoire, des récits semblables ont bel et bien été vécus. Pis encore, ils continuent de se vivre aujourd’hui, dans tant de pays ravagés par la guerre.
Le film est sublimé par les voix magistrales de comédiens de renom. Jean-Louis Trintignant incarne le narrateur avec une gravité et une douceur inégalées. Dominique Blanc prête sa voix à la « pauvre bûcheronne », tandis que Grégory Gadebois donne vie au « pauvre bûcheron ». Denis Podalydès, quant à lui, interprète l’homme à la tête cassée avec une intensité saisissante. Grâce à leur talent, l’émotion traverse l’écran et touche profondément le spectateur.
Je tiens à vous souhaiter un excellent visionnage de ce film. Je conclurai cet article par une citation d’Atatürk, pleine de sagesse : « Paix dans le pays, paix dans le monde ». Que ces mots résonnent en chacun de nous, et que les guerres cessent enfin. Puisse l’Humanité se souvenir de son passé, en tirer des leçons, et faire en sorte que de telles horreurs ne se reproduisent jamais.