Le mois dernier, j’ai parlé de la réticence des artistes contemporains à intégrer la technologie dans leur art. Les avancées technologiques, comme l’intelligence artificielle, l’analyse des données et le machine learning, sont souvent mal perçues dans le monde de l’art. Même si cela ne concerne pas tous les artistes, il est clair que s’est installée une méfiance générale.
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Pourtant, si nous regardons le passé, des artistes comme Picasso, Duchamp ou Warhol ont toujours cherché à repousser les limites de leur époque, à expérimenter de nouvelles idées et à se distinguer. Je trouve donc surprenant qu’aujourd’hui les artistes soient aussi réticents face à la technologie.
Néanmoins, il est important de comprendre leur point de vue. L’IA peut effrayer des professions comme les graphistes, les designers ou les architectes. Par exemple, la création de logos, qui fut un temps un domaine où l’on investissait beaucoup, est aujourd'hui réalisée par l'IA à moindre coût. Toutefois, cela ne devrait pas concerner les artistes. Une œuvre d'art doit transmettre des émotions, avoir une base philosophique et une profondeur psychologique. Elle doit refléter les origines sociales et économiques de l’artiste.
Prenons l’exemple des vases bleus et blancs brisés par Ai Weiwei. À travers cette œuvre, Weiwei critique la Chine, évoque son histoire et valorise le travail minutieux et souvent méconnu derrière ces objets. Un robot pourrait-il créer une telle œuvre ? Bien sûr que non ! C’est pourquoi l’IA ne devrait pas représenter une menace pour les artistes. Cependant, je comprends que ceux qui exercent un métier artisanal puissent se sentir plus vulnérables face à ces avancées.
Nous vivons une époque où même la réponse à la question « Qu'est-ce que l’art ? » a beaucoup évolué. Autrefois, on aurait pu dire que « l’art représente un objet réel » ou « l’art est l’expression d’une émotion. » Cependant, aujourd'hui, nous sommes dans un monde artistique très différent. Je pense que si Marcel Duchamp était parmi nous, il ne resterait certainement pas à l'écart de la technologie. Au contraire, il l’explorerait et examinerait en profondeur la question de la menace que l’IA pourrait poser aux artistes. Je suis sûr qu'il créerait une œuvre qui nous surprendrait tous. De la même manière que sa Fontaine a bouleversé le monde de l'art, je crois que nous avons aujourd'hui besoin d'un choc similaire. Reste à savoir quel artiste le réalisera !
Le mois dernier a eu lieu l’un des meilleurs festivals de musique d’Istanbul, l’Akbank Jazz Festival. Selon moi, le jazz est un style musical qui correspond parfaitement à Istanbul. Notre ville est un véritable chaos, mais de cette agitation jaillissent un rythme et une harmonie fascinants. Lors du festival, nous avons eu l'occasion d'écouter le pianiste Brad Mehldau, et nous avons vraiment été captivés. Le musicien américain était accompagné du bassiste Felix Moseholm ‒ un jeune talent qui a beaucoup impressionné les spectateurs ‒ et du batteur Jorge Rossy. Si vous envisagez de visiter Istanbul, je vous conseille vivement d'assister à un festival de jazz : à la sortie du concert, en immersion dans ces rues d'Istanbul toujours pleines de vie, vous commencerez à voir la ville sous un nouveau jour.