On en parle peu, mais ce petit pays des Balkans de l’Est situé entre la Roumanie au nord et la Turquie au sud est membre de l’OTAN depuis 2004 et de l’Union européenne depuis 2007.
Son histoire est pleinement européenne et remonte au moins au Moyen Âge, période où le Royaume de Bulgarie fut un allié important de l’Empire romain d’Orient, appelé aussi Empire byzantin.
Elle fut pleinement intégrée dans le bloc de l’Est après 1945, et devint une alliée sure et fiable de l’URSS. En effet, à la différence d’autres pays du bloc comme la Pologne, la Tchécoslovaquie ou la Hongrie, elle n’entrera pas en rébellion contre Moscou.
Son histoire est commune à ces pays entrés en transition après la chute du camp socialiste en 1989 et la désintégration de l’URSS en décembre 1991.
Depuis lors, la société bulgare a affronté beaucoup d’épreuves, connaissant une alternance entre les camps libéraux appliquant une conversion assez brutale de l’économie socialiste vers l’économie de marché, et un camp de gauche se nommant socialiste et composé en bonne partie d’ex-communistes convertis à la social-démocratie.
Après les moments d’espoir suscités par l’intégration dans l’OTAN puis l’UE, la société bulgare est entrée dans une période plus sceptique vis-à-vis de l’Union européenne, notamment face aux diverses crises traversées par l’Union (financière, migratoire et autre) ; pour finalement, à son tour, céder à l’influence de la vague de dirigeants populistes qui a commencé à déferler sur l’ex-Europe de l’Est (PIS en Pologne, Orban en Hongrie ou encore Robert Fico en Slovaquie, etc.)
En Bulgarie, cette évolution se matérialisera par l’emblématique Premier ministre Boiko Borrisov, leader du parti GERB (Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie) jusqu’en 2021. Ce parti de centre droit, toujours au pouvoir, est associé à diverses coalitions comme celle menée aujourd’hui par Nikolai Denkov depuis 2023.
En cet automne 2024, deux éléments restent une interrogation pour ce petit pays de 6,8 millions d’habitants, toujours considéré comme le plus pauvre de l’UE.
Le premier est cette oscillation permanente entre le désir d’ancrage vers l’Ouest, comme le montre un récent sondage daté d’août 2024, et une nostalgie que l’on pourrait qualifier de panslave qui, sur le plan culturel et sociétal, est tournée vers la Russie : et ce tant par la langue qui est proche que par une histoire médiévale, un XIXe siècle qui verra sa renaissance nationale face à l’Empire ottoman en grand partie grâce à la Russie tsariste ; et, bien sûr, l’appartenance au bloc socialiste pendant plus de quarante ans au XXe siècle.
Le second est un fort sentiment d’appartenance à l’histoire de cette région balkanique. En début du XXIe siècle, en Bulgarie, le mouvement Siméon II a porté au pouvoir l’ex-roi du pays : Siméon II, roi éphémère (de 1943 à 1946) déposé par les communistes, est en effet revenu au pouvoir comme Premier ministre de 2001 à 2005 sous le nom de Siméon Borisov Sakskoburggotski. Rappelons que lors de la renaissance de la Bulgarie au XIXe siècle en tant que nation, la dynastie des Saxe-Cobourg et Gotha avait repris la couronne des rois de Bulgarie… Enfin, les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 sont à la base des conflits territoriaux concernant principalement le pays.
Gageons que des éléments récents comme l’intégration du pays dans l’espace Schengen en même temps que la Roumanie voisine (le 31 mars 2024) et, sans doute, une consolidation à venir de l’intégration des pays des Balkans de l’Ouest, permettront une stabilisation de la région tout entière : une région européenne des Balkans pleinement reconstituée, formée à la fois des pays dits de l’ex-Yougoslavie et d’autres comme l’Albanie. Et qui se réunirait ainsi avec la partie Est de cette région à l’histoire si complexe et formée en majeure partie par la Bulgarie actuelle et une partie de la Roumanie qui a, à la fois, un pied dans l’Est balkanique et l’Europe centrale de par son histoire au XXe siècle.
Il faut aussi souligner ‒ même si son pouvoir est réduit dans cette république parlementaire ‒, le rôle de cette figure de stabilité qu’est le président actuel, ancien général de l’époque communiste : Roumen Radev, élu en 2016 et réélu en 2021.
N’incarne-t-il pas, en un sens, cet équilibre entre l’influence occidentale et celle de la Russie sur ce pays ? Les prochaines législatives d’octobre 2024 clarifieront sans doute les choses.