Avec pour objectifs de casser les rapports segmentés entre campagne et ville, la coopérative Les Bergers Urbains propose, depuis une décennie, des activités diverses de production agricole en France.
Tout commence en 2012, quand Julie Lou Dubreuilh travaille sur une bergerie, alors que ses domaines d’études et professionnels sont l’architecture et le BTP. Déjà sensible aux problématiques environnementales et aux solutions existantes pour y remédier, elle souhaite utiliser autant que possible les matériaux locaux pour ses constructions, lesquelles doivent se faire en deux semaines maximum.
Elle y rencontre les animaux, et décide d’ouvrir l’enclos pour les conduire dans la forêt de Saint-Germain dans les Yvelines, comme elle le rapporte au Monde. Par la même occasion, elle s’attache aux animaux, et le partage d’un bélier qu’elle aimait, sacrifié pour la fête de l’Aïd, constitue un tournant dans sa vie. Julie Lou Dubreuilh décide de faire comprendre à un public aussi large que possible cette sensation de tuer et manger un animal aimé. Elle crée donc l’association Clinamen à Saint-Denis (93), qui « a pour objet de dynamiser les territoires urbains par la promotion des pratiques paysannes ».
Dès lors, la machine est lancée. La coopérative des Bergers Urbains est fondée dans un deuxième temps, de pair avec l’association Clinamen : quand Clinamen offre une aide matérielle et une solide expertise, Les Bergers Urbains peuvent compenser avec des financements et des bénévoles. Sur une année, plus de 50 % du budget de Clinamen vient des Bergers Urbains. Dans ce projet, Julie Lou Dubreuilh est épaulée par Guillaume Leterrier, co-fondateur associé, qui est également berger et jardinier.
Les Bergers Urbains s’activent donc d’abord en région parisienne, mais aussi dans la banlieue lyonnaise ou encore à Bruxelles. Leurs activités sont très variées, puisque l’organisation cherche à la fois à transmettre des savoirs et à produire, ce qui est le cœur même de l’activité de berger ou de maraîcher. Les prestations dépendent également des envies des bailleurs publics ou privés intéressés par Les Bergers Urbains, comme Sciences Po Paris, l’agglomération de La Rochelle, ou encore la Compagnie de Phalsbourg, qui ont besoin d’entretenir des terrains vagues, de travailler dans un nouveau cadre, d’étudier ces nouveaux modes de vie, ou encore de participer de façon volontariste à de nouveaux modes de production agricole. Le pâturage proposé peut être fixe ou en parcours, et même être de courte durée si les conditions d’accueil des animaux sont toujours optimales. Mais les projets consistent toujours à amener les moutons et les carottes en bas des immeubles. Et pour chaque lieu accueillant des animaux, ceux-ci sont sélectionnés avec soin selon les caractéristiques de l’environnement : qualité des sols, climat…
Les Bergers Urbains cherchent ainsi à optimiser toutes les richesses d’un lieu et faire en sorte que les animaux se sentent bien. De cette façon, ils peuvent produire de la viande et des légumes de grande qualité. Les animaux sont chouchoutés en plein air, sans produits chimiques, selon des méthodes d’éco-pâturage ou d’éco-pastoralisme, où les déchets organiques sont une richesse pour l’élevage de qualité. Cela permet de réutiliser de façon productive les sols urbains parfois délaissés et de valoriser la biodiversité en ville. L’humain est replacé au centre des équilibres de l’écosystème et des saisons, et il change son propre cadre de vie en participant à ces projets collectifs. Les citadins peuvent aussi appréhender de façon plus concrète les enjeux de l’agriculture et le cheminement de l’élevage à la consommation, qu’elle soit alimentaire ou vestimentaire par exemple.
En second plan, le maraîchage en ville fait aussi partie des activités des Bergers Urbains, avec des séances collaboratives de jardinerie. Ils proposent également des évènements éducatifs sous forme d’atelier pour s’initier aux pratiques agricoles, comme les poulaillers éphémères, le travail de la laine, et la transformation et l’utilisation des récoltes. Guillaume Leterrier et Julie Lou Dubreuilh partagent enfin régulièrement leurs connaissances et leur passion lors de conférences données dans tout l’Hexagone, pour démocratiser cette initiative encore assez rare aujourd’hui mais néanmoins de plus en plus populaire. Pour tout type de projet, il faut entrer en contact avec Les Bergers Urbains pour discuter de la faisabilité et des objectifs, avant de passer à sa réalisation.