Dany Laferrière, né Windsor Kléber Laferrière le 13 avril 1953 à Port-au-Prince, est un écrivain et académicien dont l'œuvre traverse les frontières et les cultures. Cet écrivain prolifique, à la plume à la fois incisive et poétique, a su capturer l'essence de la vie haïtienne et montréalaise, explorant les thèmes de l'exil, de l'identité et de la mémoire avec une sensibilité unique.
C'est en 1976 que Laferrière quitte précipitamment Haïti pour échapper à la dictature de Jean-Claude Duvalier, surnommé « Bébé Doc ». La répression politique et les violences qui secouent alors le pays marquent profondément l'auteur, qui trouve refuge à Montréal. Cette ville, avec son climat rigoureux et sa culture francophone, devient le théâtre de son renouveau littéraire et personnel. En 1985, Dany Laferrière publie son premier roman, Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer, un titre provocateur qui attire immédiatement l'attention. L’histoire, qui se déroule à Montréal, retrace avec humour et un brin de cynisme la vie d'un jeune écrivain haïtien en quête d'identité dans une ville étrangère. Ce roman devient un succès international et pose les bases de son style unique : une écriture mêlant ironie, réalisme et une profonde humanité.
Au fil des années, Laferrière a écrit une vingtaine de livres, alternant romans, essais et autobiographies. Parmi ses œuvres les plus marquantes, on trouve L'Énigme du retour, publié en 2009. Ce récit autobiographique retrace son retour en Haïti après la mort de son père. Ce livre, couronné par le prestigieux Prix Médicis, démontre la capacité de Laferrière à transcender les genres littéraires pour offrir une méditation poignante sur l'exil et la filiation.
En 2013, Dany Laferrière est élu à l'Académie française, devenant ainsi le premier Haïtien et le premier Québécois à siéger parmi les « immortels ». Son élection est un hommage à son talent littéraire, mais aussi à sa capacité à représenter une voix francophone multiple et diverse. Dans son discours de réception, Laferrière rend hommage à ses racines haïtiennes et à sa terre d'accueil, le Québec, illustrant ainsi son parcours biculturel et sa richesse identitaire.
L'œuvre de Laferrière ne se contente pas de divertir ; elle interpelle et questionne. À travers ses récits, il aborde des sujets tels que le racisme, l'exil, la solitude et la quête de soi. Son écriture, à la fois accessible et profondément philosophique, invite les lecteurs à réfléchir sur leur propre condition humaine. Il se fait le porte-parole des sans-voix, des marginalisés, et offre une tribune à ceux qui, souvent, sont oubliés par la société.
Aujourd'hui, l’écrivain continue d'écrire et de publier. Son influence dépasse largement les frontières de la littérature francophone. Il est souvent invité à des conférences et des festivals littéraires à travers le monde, où il partage son expérience et sa vision du monde. Pour les jeunes écrivains, en particulier ceux issus de l'immigration, Laferrière représente un modèle de réussite et de résilience. Par son parcours et son œuvre, il incarne la richesse de l'expérience humaine à travers les prismes de la culture, de l'exil et de l'identité. Son écriture, nourrie par ses racines haïtiennes et son vécu montréalais, résonne avec une sincérité et une profondeur qui touchent les lecteurs du monde entier. À travers ses mots, Laferrière nous invite à un voyage introspectif et universel, un voyage qui, comme lui, ne cesse de se renouveler.