OCDE : la coopération mondiale pour « l'avenir que nous voulons »

Nous avons rendu visite à  Monsieur le Prof. Dr Kerem Alkin, Ambassadeur, chef de la délégation turque auprès de l'OCDE, dans son bureau à  Paris.

Par Dr. Hüseyin Latif
Publié en Juin 2024

Malgré un agenda très chargé, Monsieur l'Ambassadeur nous a accordé un entretien pour nous parler de l'OCDE, et plus particulièrement de la Turquie au sein de l'OCDE.

« La question la plus fondamentale de l'OCDE est le développement durable », déclare-t-il d'emblée, d'un ton témoignant de sa grande maîtrise du sujet et de son approche pédagogique. Comme je voulais pour ma part poser des questions sur les sujets qui m'intéressaient le plus, j'ai donc été parfois contraint de l'interrompre...

« La pauvreté est-elle un problème majeur partout dans le monde ? », ai-je demandé.

« Oui », répond Kerem Alkin. « Si nous examinons de façon générale les données de l'OCDE, nous commençons à  constater que les fluctuations de la pauvreté ont affecté non seulement les économies en développement, mais aussi, dans une certaine mesure, les économies développées au cours de cette période. Ceci est dû à  plusieurs facteurs, le plus important étant les deux événements "cygnes noirs" que nous avons vécus consécutivement. »


Les événements appelés cygnes noirs sont des événements dont on ne s'attend pas à  ce qu'ils se produisent, parce qu'ils se situent aux niveaux inférieurs de la liste des risques possibles. Ils se produisent soudainement, de façon imprévue et, de par leurs effets significatifs sur l'économie et la politique mondiales, sont donc considérés comme un risque possible pour l'économie mondiale dans son ensemble.

Le professeur Alkin poursuit : « L'épidémie mondiale du virus de la COVID-19 et la guerre entre la Russie et l'Ukraine sont deux cygnes noirs. Personne ne s'attendait à  une épidémie mondiale de virus qui aurait un tel impact. On en parlait comme d'une probabilité, d'un scénario, mais quand elle s'est produite, elle a eu un impact énorme. Cela a dévasté le monde entier, le chà´mage est passé de 160 millions à  200 millions. Les prix alimentaires mondiaux ont grimpé en flèche, les prix de l'énergie sont devenus incontrà´lables. »

Selon Kerem Alkin, ces fluctuations des prix des produits alimentaires et de l'énergie ont un impact négatif sur la pauvreté mondiale. Cette situation entraîne, non seulement dans les économies en développement mais aussi dans les économies développées, la cherté de la vie et l'érosion partielle des conditions de vie provoquées par la hausse des prix alimentaires et la hausse de l'inflation. En conséquence, les petites et moyennes entreprises sont de plus en plus confrontées à  des défis croissants dans la concurrence mondiale.

Durant cette période, les entreprises ont dû réduire leurs effectifs pour survivre. La hausse du chà´mage a aggravé la pauvreté non seulement dans les économies en développement, mais aussi dans les économies développées. Cette question du chà´mage, tout comme celle de la diminution de la pauvreté, fait actuellement l'objet de discussions sous l'égide des Nations Unies, car prioritaire dans le cadre du développement durable. L'Ambassadeur Alkin souligne que tout en œuvrant à  trouver des solutions permanentes pour réduire la pauvreté mondiale, nous sommes cependant également confrontés à  des événements économiques géopolitiques qui augmenteront la pauvreté mondiale ; ainsi, la pandémie mondiale et la guerre russo-ukrainienne ont eu un impact négatif considérable.

Les attentes du continent africain à  l'égard des pays membres de l'OCDE sont

claires : « Ne nous dédaignez pas ! ». Ce contre quoi s'insurge le plus le continent africain, c'est qu'il soit présenté comme un « foyer à  risques ». Mais pour la Turquie et les Turcs, l'Afrique signifie « l'avenir ».

Alkin, auteur de ce tweet mémorable, écrivait le même jour dans sa chronique au journal Sabah que la question la plus importante de la Réunion du Conseil au niveau des Ministres de l'OCDE était le renforcement des liens entre l'Afrique et l'OCDE.

Une plateforme virtuelle d'investissement pour l'Afrique a été créée sous l'égide de l'OCDE. Dans un premier temps, l'Espagne, la Turquie et l'Italie y ont contribué volontairement. Ainsi, de grands efforts ont commencé à  être déployés pour accélérer le développement en Afrique afin que le continent africain puisse être inclus le plus rapidement possible dans le processus de développement durable.

La population est l'une des questions auxquelles l'OCDE accorde le plus d'attention en matière de développement durable. Des projections démographiques pour l'avenir sont en cours d'élaboration. La population continue de croître à  des niveaux modérés dans une partie importante des économies en développement. Si l'on examine les taux de fécondité par rapport au niveau de population durable, on constate que la perte de dynamique de la croissance démographique est beaucoup plus importante que prévu. Par exemple, la Chine et la Corée subissent des chocs majeurs. à€ mesure que le niveau de vie s'améliore, les taux de fécondité diminuent au-delà  des attentes.

Avec une population de 3,9 milliards d'habitants, l'Afrique sera en 2100 la deuxième zone géographique la plus peuplée après l'Asie. On estime qu'en 2060, l'Asie atteindra le chiffre de la population le plus élevé de l'histoire, avec 5,3 milliards d'habitants. Par conséquent, dans les études de projection menées sous l'égide de l'OCDE, l'une des questions préoccupantes est de savoir dans quelle mesure le vieillissement va s'accélérer, et la fécondité diminuer...

Lors de notre entretien, nous avons appris en détail qu'un travail sérieux est en cours en ce qui concerne la transformation numérique, la transition à  l'intelligence artificielle et la transition verte, qui sont essentielles à  la survie des PME pour l'avenir, dans le cadre des nouvelles stratégies, nouvelles politiques et nouvelles réformes qui doivent être mises en œuvre pour atteindre les objectifs de développement d'ici 2030.

Nous avions encore bien d'autres questions à  poser à  Monsieur l'Ambassadeur Prof. Dr Kerem Alkin, chef de la délégation turque auprès de l'OCDE. Mais son secrétaire particulier lui rappelait constamment au téléphone les impératifs de son agenda... Nous avons été contraints de mettre fin à  notre entretien, avec la promesse de sa part de nous revoir bientà´t.