Des soirées romantiques ?
Je m'en souviens très bien... Lors de mon DEA [1] à l'Université de la Sorbonne, j'avais préparé deux séminaires ; l'un d'eux était consacré au nucléaire. Quelques années plus tard, quand j'ai commencé à passer à la télévision turque, j'ai régulièrement parlé des parcs nucléaires français, en insistant sur le fait que la France produisait alors plus de 70 % de sa consommation grà¢ce à ses réacteurs nucléaires, mais aussi surtout grà¢ce aux technologies françaises développées et implantées aux quatre coins de France ‒ développement qui était alors l'objet d'une certaine fierté nationale.
En début de ce mois, j'ai rencontré, lors d'une traversée en ferry, l'un des politiciens avec lesquels j'avais souvent débattu à l'écran. Avec un petit sourire en coin, il me posa la question suivante : « Quel est donc le problème réel qui se cache derrière ces coupures de courant et le coût faramineux de l'électricité en France ? »
J'ai essayé de lui expliquer que depuis l'année 2020, la France rencontrait des problèmes de vieillissement du parc, de longue attente de pièces non disponibles dans les territoires nationaux... J'ai produit encore mille autres raisons. Mais à tout cela, il fallait ajouter le problème des soudeurs. Comment aurais-je pu lui dire qu' « en manque de main d'œuvre, EDF fait venir une centaine de salariés de Westinghouse pour intervenir sur ses problèmes de corrosion. EDF a ouvert une école de formation pour y remédier. » [2] ? Mon ami me regardait, dubitatif et perplexe, comme un maitre qui ne croit pas son élève qui lui raconte n'importe quoi pour justifier qu'il n'avait pas fait son devoir.
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Bientà´t, des coupures d'électricité programmées pourraient être déclenchées dans toute la France.
Depuis le mois de novembre dernier, la France se trouve fréquemment en situation d'importation d'électricité alors qu'elle est traditionnellement exportatrice.
Les grandes et moyennes villes françaises commencent à souffrir de coupures de courant. Situation inédite : la moitié des réacteurs nucléaires sont à l'arrêt.
Il faut savoir qu'en France, le nucléaire est la 1ère source de production et de consommation d'électricité. Elle provient de 56 réacteurs de différents niveaux de puissance constituant un parc réparti sur l'ensemble du territoire ‒ et 29 d'entre eux sont actuellement à l'arrêt pour différents raisons.
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Continuons à jeter un coup œil aux journaux. D'après le journal Le Monde, l'EDF a reçu une livraison d'uranium de retraitement enrichi en provenance de Russie [3] . Une seule installation au monde, appartenant au géant russe Rosatom, permet en effet de « recycler » l'uranium déchargé des réacteurs français.
Louis Gallois [4] , un des grands hauts fonctionnaires de France les mieux connus, a osé déclarer au Figaro fin novembre : « La France n'est plus un pays souverain ». [5]
La hausse des prix de l'énergie pourrait entraîner de nouvelles délocalisations, alerte l'ancien patron d'Airbus. Le coprésident du think-tank La Fabrique de l'industrie, explique le long processus de désindustrialisation dont souffre la France, lié aux erreurs stratégiques des gouvernements successifs.
« Un pays n'est pas souverain quand sa balance commerciale est déficitaire de 150 milliards d'euros », avance Louis Gallois, dans un entretien accordé à Alexandre Devecchio à propos de la France.
Dr Hüseyin Latif
[1] Diplà´me d'étude approfondies.
[2] https://www.bfmtv.com/economie/edf-appelle-des-soudeurs-americains-a-la-rescousse-pour-reparer-ses-reacteurs_AN-202210210045.html (18 déc. 2022).
[3] Le Monde, 3 décembre 2022.
[4] Louis Gallois, Énarque et haut fonctionnaire. Louis Gallois, né le 26 janvier 1944 à Montauban en Tarn-et-Garonne, est un haut fonctionnaire et dirigeant d'entreprise français. Il est, entre autres fonctions, Commissaire général à l'investissement de 2012 à 2014. Entre 2014 et 2021, il était président du conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën.
[5] Alexandre Devecchio, FigaroVox, 24 novembre 2022.