Embarquez dans l'expérience scientifique de la 8e exposition sur l'histoire des sciences des lycées bilingues francophones. Le directeur du lycée Saint-Michel a répondu à nos questions durant la soirée d'inauguration qui a suivi la journée scientifique.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours, et nous expliquer votre place dans ce projet ?
Diplà´mé de Paris IV Sorbonne en lettres modernes et également de l'université de Franche-Comté dans le domaine de l'ingénierie des langues, j'ai commencé à enseigner dans des classes de lycée à Paris, avant de partir en coopération enseigner la littérature française à l'université de Sanaa au Yémen. J'ai ensuite été coordinateur pédagogique au département de littérature française à l'université de Damas en Syrie pendant cinq ans. Puis le ministère des Affaires étrangères et européennes m'a confié la direction du centre de documentation pédagogique (CDP) à Alep (Syrie) pendant quatre ans. J'étais également directeur des cours du Centre culturel français durant cette mission. Cela fait maintenant 15 ans que je suis en Turquie : tout d'abord professeur au lycée Saint-Joseph, puis coordinateur de français au lycée Sainte-Pulchérie de 2010 à 2015 et directeur du lycée Saint-Michel depuis 8 ans. Je n'ai jamais cessé d'enseigner depuis le début de ma carrière, et la pédagogie reste au cœur de mon activité depuis 27 ans.
Ce projet d'exposition sur l'histoire des sciences, réalisé avec la collaboration des lycées bilingues francophones de Turquie, est né il y a 8 ans grà¢ce à une proposition faite par une professeure de biologie du lycée Saint-Michel, Mme Milena Kuyumciyan. J'ai immédiatement soutenu son idée pour le caractère collaboratif, non concurrentiel entre les établissements et très innovant de l'initiative. Je lui ai délégué le projet, et c'est elle qui gère toute la communication et la logistique chaque année et avec brio.
Quelle est l'ambition de l'exposition « Les scientifiques français » et celle de la Journée scientifique ?
Le lycée Saint-Michel développe depuis de nombreuses années ses activités scientifiques, car nous avons constaté de plus en plus d'engouement des élèves pour la filière scientifique (appelée « Fen » en Turquie), mais également pour l'innovation dans des disciplines variées comme la chimie, la biologie, physique, les mathématiques, la technologie, le coding, la robotique...
Cette exposition ne pourrait être réalisée sans le concours des autres lycées bilingues francophones de Turquie, que nous avons associés dès le début de l'aventure. La première édition concernait uniquement les établissements dits « des Saints » à Istanbul, et dès la 3e édition, nous avons ouvert cette manifestation aux établissements bilingues francophones d'Ankara et d'Izmir. Selon les disponibilités de chacun, nous avons en moyenne six ou sept établissements différents représentés, ce qui permet aux élèves de se rencontrer, d'échanger sur leurs pratiques dans le domaine des sciences et de constituer également un réseau de jeunes scientifiques francophones, désireux de poursuivre dans cette voie lors de leurs études supérieures.
Notre 8e édition de l'exposition sur l'histoire des sciences met à l'honneur les scientifiques français. Elle a pour ambition de promouvoir la science et en particulier ce que les chercheurs français ont apporté à la société sur le plan international. Les lycéens francophones de Turquie mettent ainsi en valeur les contributions remarquables d'inventeurs français dans les différents domaines de la science. Tout au long de l'année, ils ont travaillé avec leurs professeurs, et ont reproduit à l'identique d'incroyables inventions en utilisant les matériaux de l'époque. L'objectif ultime est de susciter l'intérêt des visiteurs pour la science, de mettre en lumière ces inventions souvent révolutionnaires, d'expliquer en français tout le processus de création et de promouvoir le rà´le de ces découvertes dans la société d'hier mais également d'aujourd'hui.
Par ailleurs, toute la journée du 17 mai au lycée Saint-Michel fut consacrée aux sciences. Les élèves de tous les niveaux ont participé à un programme d'activités d'une grande diversité, ayant pour but de créer un environnement propice à l'apprentissage et à l'exploration scientifique. Ce fut l'occasion pour eux d'interagir avec des professionnels et des chercheurs, de réaliser des visites de hauts lieux de la science à Istanbul et de participer à des expériences pratiques et ludiques. Nous avons à cœur de stimuler la curiosité des élèves, de les encourager à développer leur esprit critique et leur intérêt pour la science, et éventuellement de les inciter à poursuivre des études et des carrières scientifiques.
Qu'est-ce qui vous a motivé à élargir ce projet à d'autres lycées ? Comment est fait le choix de ces établissements ?
Nous souhaitions mettre en place un projet impliquant un maximum d'établissements francophones, mais sans nous mettre en concurrence. C'est pourquoi il s'agit véritablement d'une exposition commune à tous nos lycées, permettant de faire rayonner d'une manière différente la francophonie en Turquie. Nous ne décidons pas quels seront les établissements qui participeront. Nous proposons début octobre à tous les établissements le protocole à suivre pour l'année scolaire et les lycées décident ou non d'y participer en fonction de leurs propres impératifs, sachant qu'il s'agit d'un travail de longue haleine, requérant plusieurs mois de travail pour les professeurs et les élèves impliqués. Nous tenons d'ailleurs à remercier le lycée Tevfik Fikret d'Ankara qui a fait le déplacement encore cette année, mais ce fut aussi le cas du lycée Saint-Joseph d'Izmir les années précédentes.
Nous souhaitons, pour cette 8e édition, remercier les établissements participants : les lycées Saint-Joseph, Saint-Benoît, Sainte-Pulchérie, Petit-Prince, Tevfik Fikret et Saint-Michel. Nous vous attendons encore plus nombreux lors de la 9e édition en 2023-2024, et comptons étendre notre invitation aux lycées français Pierre Loti d'Istanbul et Charles de Gaulle d'Ankara.
Avez-vous rencontré des difficultés d'organisation compte tenu de la diversité géographique de ces lycées ?
Nous demandons chaque année l'autorisation au Ministère de l'Éducation nationale pour la mise en place de cette activité inter lycées, ce qui permet à nos collègues d'Ankara et d'Izmir d'en bénéficier et de participer aisément. Bien entendu, comme les équipes viennent en avion, la contrainte pour les élèves reste de penser à une invention facilement transportable. Nous avons conscience que cela constitue un coût en termes de déplacement pour les jeunes et les professeurs encadrants, mais c'est aussi l'occasion de se rencontrer, de constituer un réseau d'échanges autour des sciences. Il ne s'agit plus d'un projet uniquement au sein d'une ville, mais d'un projet national que les élèves peuvent mettre en avant dans leur CV au moment des candidatures auprès des universités en Turquie ou à l'étranger.
Notre exposition a été citée et félicitée dans le cadre de deux conférences internationales ces dernières années, ce qui nous encourage à mettre en place chaque année une nouvelle édition.
Quelle est l'importance de cette exposition pour le lycée et qu'est-ce qu'elle apporte aux établissements participants ?
C'est un projet phare du lycée Saint-Michel, entre autres activités toutes aussi importantes, mais il répond avant tout à une demande des élèves de tous nos lycées. Par ailleurs, recréer des inventions scientifiques des siècles derniers peut servir plusieurs objectifs pour tous nos établissements bilingues francophones en Turquie, comme :
- Préserver l'histoire : recréer des inventions passées permet de préserver des connaissances historiques importantes et de mieux comprendre les avancées scientifiques de l'époque. Cela peut contribuer à la préservation du patrimoine scientifique et technologique.
- Mieux comprendre : réaliser des expériences ou des répliques d'inventions passées peut être une façon engageante d'apprendre les principes scientifiques fondamentaux. Cela permet de découvrir les idées et les méthodes qui ont conduit aux développements scientifiques actuels.
- Chercher et expérimenter : recréer ces inventions anciennes permet aux jeunes de mener des expériences et des recherches pour mieux comprendre les principes scientifiques sous-jacents. Cela peut contribuer à approfo