Sophie Binet, 41 ans, figure de la lutte des classes et égalité femmes-hommes.

Contre toute attente, Sophie Binet a été élue secrétaire générale de la CGT après une nuit de tractations houleuses, succédant à  Philippe Martinez

Par Aujourd'hui la Turquie
Publié en Mai 2023

Binet est à  la fois secrétaire générale de l'Union générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens de la CGT, et a ainsi pris la tête de l'Union le vendredi 31 mars dernier.

Outre ce poste à  la tête de l'UGICT, elle occupait le rà´le de référente du Collectif Femmes Mixité de la CGT, et est membre du Haut Conseil à  l'Égalité entre les Femmes et les Hommes.

La Première ministre Elisabeth Borne estime que cette nomination « est une bonne nouvelle pour toutes les femmes ». Car cette succession de pouvoir marque l'histoire de la lutte pour l'égalité hommes-femmes : Sophie Binet est la première femme à  diriger la centrale de Montreuil depuis sa création en 1895.

Lors d'une interview accordée au magazine Les Inrockuptibles, Sophie Binet expliquait : « Dans l'histoire du mouvement ouvrier, le combat de classe a longtemps été jugé supérieur au combat pour l'émancipation contre les discriminations. Ce n'est plus le cas à  la CGT, où nous savons qu'il faut les mener de front. »

La nouvelle secrétaire générale de la CGT est aussi notamment, avec Caroline De Haas, à  l'origine de la pétition contre la loi travail « Loi travail : non merci ! », qui avait recueilli plus de 1,3 million de signatures. Mais au-delà  de ces engagements qui l'ont mis sur le devant de la scène des luttes de classes, Sophie Binet s'est imposée comme une figure de certaines luttes sociales emblématiques menées par la CGT ces dernières années.

La première déclaration de la secrétaire générale, le lundi suivant sa nomination, fut au sujet de la tension nationale suscitée par la réforme des retraites : « Je ne crois pas à  la pause (...), il n'y a pas d'autre sortie de crise que le retrait de cette réforme », lui permettant de confirmer sa volonté de maintenir l'unité de l'intersyndicale. Car selon elle, toutes les organisations syndicales sont unies par une même détermination à  gagner.

Mais plus récemment encore, elle est revenue sur le sujet, en qualifiant le gouvernement de « bunkerisé » et le jugeant « en rupture vis-à -vis du pays ». Sur cette prise de parole le jeudi 6 avril, en amont de la manifestation parisienne, la secrétaire a ajouté que « la mobilisation continuera sous une forme ou une autre » après cette onzième journée à  l'appel de l'intersyndicale.

Pour montrer son soutien aux grévistes et pour saluer « une action exemplaire », la nouvelle secrétaire s'est notamment rendue sur le site de Storengy de l'Oise ce même jeudi 6 avril pour afficher son soutien aux salariés, en grève depuis le 7 mars contre la réforme des retraites.

La mobilisation de ce site, qui est le deuxième plus gros site de stockage de gaz de France et le seul qui alimente les Hauts-de-France, prouve l'ampleur de la mobilisation. Tout avait commencé par la réduction des volumes de gaz envoyés, mais depuis fin mars, les salariés de Storengy partout en France refusent de stocker le gaz. Et Sophie Binet de souligner : « 33 jours de grève, quand on connait le salaire moyen en France, ça pèse lourd sur le porte-monnaie. à‡a montre une détermination, une combativité, et ça pèse très lourd dans le mouvement. »

Les prochaines semaines restent décisives pour cette lutte, car pour reprendre les mots de Sophie Binet : « Il n'y aura pas de retour à  la normale tant que cette réforme ne sera pas retirée ».

Zeynep Demirci