La place de la langue française au XIXe siècle dans l'administration ottomane

Dans l'Empire ottoman, jusqu'en 1821, la tà¢che d'interprétation et de traduction était assurée par des interprètes-traducteurs grecs ottomans. Suite à  la prise de parti de ces traducteurs lors de la révolte grecque de 1821, L'État décida de prioriser la formation d'interprètes-traducteurs turcs musulmans.

Par Gözde Pamuk
Publié en Mars 2023

Il instaura alors la Chambre de Traduction Babıà¢li auprès du ministère des Affaires étrangères, afin que la traduction des textes officiels à  partir des langues européennes, en particulier dans le cadre des relations diplomatiques, soit assurée par des sujets musulmans. Tout particulièrement jusqu'en 1836, Babıà¢li devint ainsi un bureau important du ministère des Affaires étrangères, et continua à  l'être jusqu'à  la chute de l'Empire. 


La pratique des langues étrangères fut alors encouragée au sein de l'Empire : on s'y procurait de plus en plus de livres en langue étrangère, et de plus en plus de ces ouvrages étaient traduits. La langue française commença à  être enseignée à  l'École militaire et à  l'École impériale de Médecine. Le français s'implanta même peu à  peu dans les vies des bureaucrates et des hauts fonctionnaires : la plupart des grandes familles ottomanes commencèrent à  apprendre et parler le français. 

Malgré ces efforts de l'État, la difficulté à  trouver des interprètes-traducteurs autres que grecs et arméniens persistait. La population véhiculait toujours des préjugés contre l'Occident. L'État se rendit compte qu'il devait s'impliquer davantage dans ce domaine afin de stimuler les ottomans musulmans à  l'apprentissage des langues étrangères. 

Dès le début des années 1830, l'État abandonna la perception d'une diplomatie unilatérale et renforça ses relations diplomatiques avec l'Europe. Les ambassades ottomanes se rouvrirent dans les capitales de l'Europe, et le nombre des documents officiels à  traduire augmenta. L'intensification des relations avec l'Europe nécessita dès lors une connaissance accrue des langues occidentales. Après la langue officielle ottomane, les langues les plus utilisées étaient le français, l'italien et l'anglais. Le ministère des Affaires étrangères constata alors que le nombre d'interprètes et de traducteurs restait insuffisant face à  la demande croissante. Il trouva la solution en ouvrant à  nouveau la voie à  l'embauche des minorités non-musulmanes comme interprètes-traducteurs dans les services de l'État.

Gözde Pamuk