Lundi 6 février 2023

Les séismes centrés à Kahramanmaraş et Hatay des 6 et 20 février ont eu de grandes répercussions tant dans le monde entier que dans l’ensemble de la Turquie.

Par Dr. Hüseyin Latif
Publié en Février 2023

Des villes de tentes ont été établies dans cette région de Turquie où plus de 40 000 personnes ont perdu la vie. De nombreux pays, en particulier la France et la Russie, ont créé des hôpitaux de campagne. Des institutions civiles telles que le Croissant rouge, AFAD et Ahbap ont participé à des efforts de sauvetage intensifs dans la région.

Suite au séisme de magnitude 7,7 survenu à 4 h 17 le lundi 6 février à Kahramanmaraş, un deuxième séisme de magnitude 7,6 s'est produit à 13 h 24 le même jour. Lors de ces tremblements de terre qui ont touché 10 provinces, en particulier Hatay et Adıyaman des milliers de bâtiments ont été détruits, notamment dans le centre-ville de Kahramanmaraş et ses quartiers, et des dizaines de milliers de personnes sont restées sous les décombres.

Les experts ont souligné que l'épicentre du tremblement de terre se trouvait dans une région géologiquement active, proche de la jonction entre plusieurs plaques tectoniques.

Deux institutions turques, AFAD et Ahbap, sont en première ligne des actions et des opérations, auxquelles ont également grandement participé des équipes de secours internationales. Après ces deux séismes, l'attente pleine d'espoir s'est poursuivie pendant des jours devant les bâtiments détruits. Les équipes de recherche et de sauvetage ont mené leurs activités en fonction des sons provenant des décombres. Malheureusement, le nombre de blessés et de morts allait rapidement augmenter au fil des jours consécutifs au tremblement de terre.

Des bâtiments historiques vieux de cinq cents ans ont été détruits par le séisme. L'électricité et l’eau ont été coupées, et pis, les téléphones portables ne fonctionnaient pas.

Avec le soutien de leurs pays, les organisations non gouvernementales internationales se sont précipitées pour apporter une aide humanitaire à la Turquie dans les meilleurs délais. Le travail des équipes de France, de Russie, du Japon, d'Israël et de Grèce a retenu l'attention. Hervé Magro, ambassadeur de France en Turquie, a inauguré un hôpital de campagne français à Gölbaşı, Adıyaman. Comptant une centaine de lits, cet hôpital de campagne accueille les blessés en attente de soins qui sont pris en charge par le personnel médical français.

Au moment de la rédaction de cet article, les bilans des tremblements de terre et répliques qui ont affecté la Turquie et la Syrie sont constamment revus par les autorités officielles, et le seuil des 40 000 morts est dépassé.

Dans les vidéos postées sur les pages des réseaux sociaux d'Aujourd'hui la Turquie, l’on voit les deux blocs continentaux glisser l'un contre l'autre et la formation d'un canyon de 30 mètres de profondeur. Une fissure de 200 mètres de large s'est formée à la frontière turco-syrienne, qui se trouve à l'intérieur de cette zone sismique où trois plaques tectoniques se croisent.

Une autre image illustre bien aussi ce qu’il est advenu de voies ferrées initialement droites : elles sont devenues complètement tordues.

Selon les observateurs, des dizaines de milliers de bâtiments endommagés par le tremblement de terre n'avaient pas été construits par certains entrepreneurs conformément aux protocoles antisismiques. Cependant, il a été constaté qu'aucun des bâtiments construits par TOKİ [1] n'a été endommagé.

À présent, l'autre grande faille nord-anatolienne de la région continue d’inquiéter la communauté scientifique. Elle pourrait provoquer un séisme d'ampleur comparable, mais il est impossible de savoir où et quand précisément.

Ma visite à l'Ambassadeur Ali Onaner

Le tremblement de terre a également eu un grand impact en France. Toutes les personnes que j'ai rencontrées m’interrogeaient sur le sujet, faisant preuve d’une grande empathie. Impossible de circuler dans les métros sans voir les affiches de la Croix-Rouge française et de Médecins Sans Frontières qui sollicitent des aides.

La deuxième semaine consécutive au tremblement de terre, j'ai rendu visite à S. E. Ali Onaner, Ambassadeur de Turquie à Paris. Un diplomate accompli. À peine informé du but de ma visite, après avoir échangé nos condoléances, il a tenu d’emblée à me faire part de l’émotion que lui et son équipe avaient éprouvée. Il devenait pour moi inutile de poser les questions que j'avais préparées.

À l’annonce du tremblement de terre, lui et tous ceux qui travaillaient à l'ambassade furent sous le choc. « Nous avons réfléchi à ce que nous pouvions faire. Nos citoyens et nos associations nous appelaient pour voir ce que nous pouvions faire pour envoyer de l’aide. Nous leur avons communiqué les numéros des comptes bancaires du Croissant Rouge et de l’AFAD. Nous avons contacté les banques pour éviter des frais pour ces envois. Par ailleurs, l'Ambassade a ouvert un compte séparé ouvert aux petits dons. Les fonds qui y seront recueillis seront envoyés directement à l'AFAD. En outre, notre Consulat général a commencé à procéder à la collecte et au conditionnement de dons tels que des couches et des aliments pour bébés, et à les transférer en Turquie dans le cadre de l'accord qu'il a conclu avec THY. Nous avons également travaillé sur l'application de la franchise douanière aux dons tels que les générateurs, les chauffages d’appoint et les tentes à leur entrée en Turquie.

Bien sûr, il ne faut pas oublier l’aide de l'État français. La France fait partie des pays qui ont le plus contribué. Dès les premières heures du tremblement de terre, des contacts ont été établis entre les ministres des Affaires étrangères et les ministres de l'Intérieur. Sur ordre du président Macron, une équipe de 150 personnes, pompiers et unités de secours militaire, a été mobilisée et s’est rendue sur les lieux du séisme. Leur travail est notoire. Ils ont établi un hôpital de campagne pour 100 personnes à Adıyaman. »

Je n’avais plus aucune question à poser à M. Ali Onaner. Je pouvais lire la tristesse dans ses yeux. J'ai demandé la permission de me retirer.

Dr Hüseyin Latif

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[1] L'Administration du développement du logement social, couramment « TOKI » de l'acronyme turc « Toplu Konut İdaresi Başkanlığı » est une entreprise publique du gouvernement de la République de Turquie chargée de la construction de logements sociaux afin de lutter contre la crise du logement, la prolifération de « gecekondu » et devenir acteur du renouvellement urbain en Turquie.