L'impuissance, c'est le premier sentiment ressenti suite aux séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie.
L'impuissance, face au bilan qui ne cesse de s'accroître, aux milliers de bà¢timents écroulés qui ont coûté la vie à des milliers de personnes, à la douleur qu'éprouvent les survivants.
L'impuissance finit par céder la place à l'incompréhension. Nous avons le devoir d'en parler, le devoir d'informer.
à€ Istanbul, l'atmosphère est écrasante. Les yeux reflètent l'angoisse, la peur, la peine. Les informations nous parviennent en continu : des images de dévastation, mais aussi de sauvetages et d'aide. Un flux d'émotions nous submerge, entre deuil et espoir. Espoir par la découverte de survivants, les dons rassemblés. La peur et la stupeur font place à l'espoir et la solidarité, et cet espoir ouvre la voie à la résilience.
L'organisation de l'aide à Istanbul : un effort collectif pour surmonter la tragédie
Un lumineux élan de solidarité a gagné le pays.
Chacun a voulu spontanément et immédiatement apporter son aide. Les initiatives privées se sont multipliées de manière non coordonnée, ce qui était donc peu efficace et parfois même préjudiciable aux secours : les magasins et épiceries assaillis de clients, les routes saturées...
à€ Istanbul, autorités locales et organisations caritatives se sont rapidement organisées pour venir en aide aux victimes.
Un mécanisme d'assistance médicale a été mis en place : envoi de médecins et infirmiers volontaires sur place, renforcement de tous les hà´pitaux pour accueillir les blessés...
Diverses campagnes de collectes ont été lancées afin d'aider à couvrir les coûts des opérations de secours, et apporter une aide financière aux sinistrés. Collectes de fonds, mais aussi en nourriture, vêtements, produits d'hygiène et fournitures médicales.
De très nombreux bénévoles se sont mobilisés, aidant à distribuer nourriture et fournitures sur les lieux des séismes, sans oublier ceux qui, restés à Istanbul, ont collecté, trié et empaqueté les dons pour les envoyer aux zones sinistrées.
Istanbul a été le théà¢tre de scènes d'une solidarité exemplaire. Le 10 février, le camion venu récolter les dons ne pouvait entrer dans le quartier de Teşvikiye à Nişantaşı. Les habitants ont alors formé une immense chaîne humaine de près d'un demi-kilomètre afin d'acheminer les dons vers le camion...
La mise en place de la solidarité à Istanbul suite aux séismes a donc montré toute l'importance de la coordination et de la coopération pour faire face à des situations difficiles. Habitants, bénévoles, ONG, autorités et entreprises ont œuvré de concert pour fournir une aide rapide et efficace aux sinistrés, démontrant la capacité de la communauté à surmonter les défis. Cet esprit de solidarité est un message inspirant pour le monde entier.
L'impact émotionnel des séismes à Istanbul : le témoignage d'une habitante
La façon la plus légitime et authentique d'évoquer l'émotion et le ressenti des habitants d'Istanbul ne peut se faire qu'en interrogeant directement les personnes sur place.
Nous avons recueilli le témoignage de Zeynep, étudiante de 21 ans qui habite dans le quartier de Gülbahar.
Comment avez-vous vécu les séismes qui ont frappé la Turquie ?
Ce n'est pas une question facile, car la réponse est compliquée. Physiquement, à Istanbul, nous ne sommes pas touchés directement, pour cette fois du moins. Mais il y a un impact psychologique majeur. C'est extrêmement compliqué de concevoir qu'une catastrophe naturelle puisse faire autant de dégà¢ts, et sur le long terme. D'autre part, plus d'une semaine après, on dégage encore des survivants. Nous restons donc partagés entre espoir et angoisse, un sentiment de détresse. Impossible de ne pas se sentir concerné. à€ Istanbul, les appels à l'aide aux victimes se multiplient, et c'est aussi un rappel douloureux pour nous tous. Ce qui est magnifique, c'est la solidarité du peuple turc. C'est tellement émouvant et beau, dans la noirceur de cette catastrophe...
Que pensez-vous de l'aide apportée aux zones sinistrées, et de sa mise en place ?
Au début, il y a eu des problèmes d'organisation, personne n'était préparé à une telle catastrophe. Et je crains qu'on ne le soit jamais. La mobilisation a été très rapide, alors que des routes et des pistes d'atterrissage étaient détruites. Mais dès le deuxième jour, les choses se sont mises en place, les collectes de dons ont commencé partout à être organisées et coordonnées. Je pense que dès lors, l'aide et sa mise en place ont fait la différence dans les zones concernées.
Quels espoirs avez-vous pour l'avenir des zones touchées par les séismes ?
Pour l'instant, je suis très pessimiste. Il va falloir reconstruire dix villes, et je crains qu'on ne fasse les mêmes erreurs qu'auparavant, en ne tirant pas les conclusions de cette tragédie. Je parle des mesures de prévention des séismes. J'ai peur que l'éveil des consciences que nous vivons ne soit que de courte durée. Certes, quelques architectes et entrepreneurs ont été interpellés. Mais ils ne sont pas les seuls responsables... Et après ? Ce qu'il nous faut, c'est un véritable cadre légal, réglementaire, et les moyens de le faire respecter. Le séisme est naturel, pas l'effondrement de milliers de bà¢timents. J'ai espoir en la population, en l'État turc pour faire évoluer les dispositifs réglementaires et juridiques, il en va de notre sécurité.
Chems-Edoha Benmamar