La journée commence sous un soleil radieux, à 10 h précises. La marina de Kalamış vibre de l’enthousiasme des élèves répartis en cinq équipages, prêts à sillonner le Bosphore. Les équipes, formées de jeunes Français, Grecs et Turcs, prennent place sur les cinq voiliers. L’ambiance est détendue. Les élèves, impatients, n’ont qu’une envie : prendre la barre du voilier et sentir le vent les porter sur les eaux du Bosphore. La diversité est au cœur de cette aventure. Une belle expérience de collaboration, avec une langue d’échange commune : le français.

Une traversée du Bosphore sous le signe de l’apprentissage et de l’échange

Le programme de la journée combine navigation et découverte culturelle, dans un mélange joyeux et instructif. Sur l’un des voiliers, un élève turc prend les commandes sous l’œil attentif de l’encadrant. Des élèves français et grecs échangent avec leur professeur : ils découvrent qu’en Turquie, on s’adresse souvent à ses professeurs en les appelant Hoca ; ils en apprennent davantage sur les trésors historiques d’Istanbul : Sultan Ahmet, la gare de Haydarpaşa... La traversée nous permet de découvrir Istanbul sous un autre angle, loin du tumulte. La ville se dévoile, plus calme, plus sereine. Comme le souligne Paul Yves Georges, directeur du Lycée Saint Joseph d’Istanbul, ce moment offre une prise de recul précieuse : « Cela permet aux élèves de voir la ville d'une manière différente, d’admirer sa beauté tout en prenant conscience de l'importance des différentes cultures. »

Une sensibilisation écologique et culturelle

Au-delà de la navigation, la sensibilisation à l’écologie et aux enjeux environnementaux occupe une place centrale dans ce projet. Les jeunes échangent avec leurs enseignants sur les questions de pollution marine, de biodiversité, et même de pêche, en s’interrogeant sur les espèces de poissons qui peuplent le Bosphore. Il ne s’agit pas seulement de naviguer, mais de comprendre l’importance de préserver cet environnement unique. L’aspect culturel n’est pas en reste. Au fil de la journée, nous vivons des moments de pure convivialité, faisant résonner le voilier de chansons grecques, françaises et turques. Ce moment d’échange spontané symbolise à lui seul l’esprit du FrenchShip : un dialogue des cultures, en musique, en rires et en partage.

Une aventure unique pour des jeunes curieux et passionnés

L’après-midi avance, le vent devient frais, mais cela ne freine en rien l’enthousiasme des jeunes répartis en équipes. L’apprentissage ne se limite pas à la théorie : chacun a un rôle à jouer dans la manœuvre des voiliers. Professeur au Lycée Saint-Joseph d’Istanbul, Metin Özdemir souligne l’importance de ces moments de découverte et d’échange pour les élèves : « C’est une opportunité unique pour eux de créer des liens solides avec leurs camarades d’autres pays, tout en s’ouvrant à des cultures différentes. »

Entretien avec Laurent Chapdelaine, professeur de biologie au Lycée Saint-Joseph et organisateur

Pourquoi pensez-vous que la combinaison de sports nautiques, de découvertes culturelles et de sensibilisation écologique est pertinente pour les jeunes d’aujourd’hui ?

Le sport nautique, en particulier la voile, permet de mélanger les jeunes sans distinction de genre ou de nationalité, ce qui est un point très positif. De plus, les élèves sont confrontés à des éléments naturels qu’ils ne connaissent pas forcément. En ce qui concerne Istanbul, c’est un moyen parfait de découvrir la ville sous un autre angle, depuis la mer. Les activités écologiques sont également très importantes, surtout avec les enjeux actuels liés à la pollution marine, aux microplastiques et aux macrodéchets. Le fait d’être directement confronté à l’environnement maritime permet la sensibilisation à ces problèmes.

Comment gérez-vous la diversité culturelle au sein du groupe ?

Dès le départ, l’idée était de réunir des élèves de différentes cultures. Les jeunes sont invités à dépasser les barrières de la langue et de la nationalité pour se découvrir mutuellement. Nous formons des équipes mixtes pour favoriser les échanges. Sur le voilier, tout le monde a un rôle à jouer, et cela crée une dynamique où chacun peut apprendre de l’autre.

Les enjeux environnementaux comme la pollution et les risques sismiques sont au cœur des activités scientifiques. Comment abordez-vous ces questions avec les élèves ?

Le sport nautique permet une sensibilisation directe aux enjeux écologiques. Les élèves prennent conscience de la pollution visible sur les eaux et comprennent les conséquences des déchets humains. Nous abordons aussi les questions plus techniques, comme les risques sismiques, à travers des ateliers scientifiques qui se dérouleront durant leur séjour à Istanbul.

Quelles sont vos attentes pour cette première édition du FrenchShip à Istanbul ?

Cette édition à Istanbul est une véritable aventure culturelle pour tous. Les jeunes Français et Grecs découvrent une ville immense, avec une histoire riche et des paysages uniques. Nous espérons que cette expérience leur permettra de tisser des liens solides entre eux, mais aussi de voir leur propre culture sous un nouveau jour.

Une expérience qui marque les esprits

Le FrenchShip 2024 a offert bien plus qu’une simple sortie en voile. Il a permis à ces jeunes d’horizons différents de se découvrir, de se dépasser, de voir Istanbul autrement, et de prendre conscience des enjeux écologiques qui les entourent. Pour eux, c’était une journée pleine de découvertes, de sourires, et surtout d’unité. Alors que nous quittons la marina, certains rêvent déjà de la prochaine édition et de nouveaux horizons. Une chose est sûre : le FrenchShip continue de tisser des liens forts, à travers les mers et les cultures, dans un esprit de partage et d’ouverture.

Un grand merci à messieurs Laurent Chapdelaine, Metin Özdemir, Paul Yves Georges ainsi qu’à toute l’équipe pédagogique pour cette journée inoubliable. Leur dévouement et leur passion ont fait de cette première édition à Istanbul une réussite totale, et nous avons hâte de voir les futures éditions nous emmener encore plus loin !