Autre personnalité issue de la deuxième génération, Åženay Can nous retrace son histoire dans le cadre de cette édition spéciale.
Le père de Åženay Can est parti pour la Belgique en 1965, à l'à¢ge de 33 ans, pour des raisons professionnelles. Elle se souvient encore avec précision du trajet en train qu'elle, sa mère, sa sœur et son frère, ont parcouru depuis Istanbul pour le rejoindre à Bruxelles quelque mois plus tard. La famille y a ensuite vécu de façon difficile au début, car la barrière de la langue française a été très dure à surmonter. Mais avec l'aide d'un ami vivant près de chez eux à la Chaussée de Haecht, l'épanouissement a commencé à s'opérer.
Malheureusement, la mère de Åženay Can est tombée malade et est rentrée à Istanbul pour les soins, ce qui a précipité le départ de la famille. Åženay Can a ainsi recommencé sa première année d'école en primaire en Turquie car elle ne connaissait pas l'alphabet turc. C'est ensuite en 1969 que la famille est de nouveau repartie pour le royaume de Belgique, largement aidée dans leur intégration par l'oncle de Åženay Can et sa femme, de nationalité belge.
Mais après des années de vie en Belgique, les parents de Åženay Can ont décidé de revenir au pays en 1984. Åženay, qui se sentait a priori d'abord Turque, a fait le même choix quelques mois après. Elle a toutefois dû apprendre la langue turque soutenue, qui n'était pas pratiquée à la maison. Ce choix de retourner en Turquie a aussi été celui de sa sœur, qui vit aujourd'hui à Istanbul. En revanche, son frère est resté en Belgique et s'est marié à une Anversoise, ce qui prouve encore une fois la complexité de la deuxième génération : certains ne comptaient pas rester en Belgique, quand d'autres y ont fait leur vie ! Et Åženay Can le confirme : de nombreux membres de la famille partis en Belgique et bien intégrés n'ont pas l'intention de revenir en Turquie. Ainsi, les petits-enfants du frère et de la sœur de Åženay grandissent très loin et différemment des autres. La preuve, une fois encore, qu'il n'y a pas qu'une seule réalité dans l'immigration, et que chaque personne, chaque famille suit sa propre trajectoire.
Gabrielle Mahias