On parle enfin des femmes journalistes ! Le livre de Suat Gezgin, à‡ağının Tanığı Kadın Gazeteciler (Les Femmes journalistes, témoins de leur temps), qui aborde les problèmes rencontrés par les femmes journalistes dans la profession en tenant compte de la dimension de genre, vient d'être publié par les éditions Nobel Kültür. (un article de Isa Yannik)
Le Pr. Dr Suat Gezgin est connu pour ses contributions au journalisme et ses travaux novateurs. Basé sur un constat d'absence de travaux consacrés aux femmes journalistes en Turquie et à leur situation dans la profession, son dernier livre parle de 56 femmes journalistes de renom. Remettant en question, avec une sensibilité au genre, la structure masculine et la hiérarchie dans la profession de journaliste, le livre révèle les histoires de vie des femmes journalistes et les problèmes auxquels elles sont confrontées en tant que femmes dans la profession.
« Les Femmes journalistes, témoins de leur temps, sont la voix de la conscience ! »
à€ propos de son livre, fruit de cinq années de travail, le professeur Suat Gezgin s'exprime en ces termes : « Le journalisme est l'un des domaines où les pores du tissu de la structure sociale dominée par les hommes sont les plus évidents. Les femmes journalistes, tenues loin de leurs objectifs dans l'organisation administrative des journaux et dans la conquête de la voix et de l'autorité, portent malheureusement, dans la sélection et la présentation des nouvelles, les ecchymoses de la structure dominée par les hommes. C'est la conscience qui dénoncera cette réalité. Les Femmes journalistes, témoins de leur temps sont la voix de cette conscience. Elle donne la possibilité de prouver les chiffres et les nombres donnés dans les recherches, et le fait avec des récits de vie personnels et de de première main... »
Suat Gezgin souligne que son autre ouvrage, Türkiye Sözlü Basın Tarihi (Histoire de la presse orale de Turquie), a servi de fil conducteur à l'émergence de l'idée de ce livre : « Nous nous sommes engagés dans cette voie avec l'Histoire de la presse orale de Turquie en trois volumes. Publié en 2016 par les éditions Ä°ş Bankası Kültür, cet ouvrage comprenait des entretiens avec 54 journalistes nés pendant la période de transition de l'Empire ottoman à la République de Turquie, et dont la plupart ne sont malheureusement plus en vie. Vasfiye à–zkoçak et Yıldız Sertel font partie de ces personnalités que nous avons interviewées. En consignant les souvenirs de nos aînées, nous nous sommes rendu compte qu'il existait de profondes différences entre les difficultés rencontrées par les hommes et les femmes dans la profession de journaliste, et ces différences étaient dues à l'inégalité de genre. C'est ainsi qu'est née l'idée de notre livre Les Femmes journalistes, témoins de leur temps. »
L'auteur affirme que de nombreuses femmes journalistes ont été confrontées à des obstacles et à des rabrouements de la part de leurs collègues masculins, et déclare : « Cela peut vous sembler étrange, mais feu Vasfiye à–zkoçak, notre mère à tous, racontait qu'elle a travaillé pendant des années dans un journal dont les locaux étaient dépourvus de toilettes pour dames, et qu'elle a dû se battre pour en faire installer. Depuis cette époque, oui, beaucoup de choses ont changé, mais les femmes journalistes sont toujours confrontées à de nombreuses difficultés : elles sont moins bien payées que leurs collègues masculins, elles sont victimes d'intimidation et de harcèlement. Compte tenu de tout cela, nous avons voulu cette fois donner la parole uniquement à des femmes journalistes, écouter leurs récits de vie et leurs souvenirs professionnels, et nous avons décidé d'aborder les difficultés qu'elles rencontrent en tant que femmes dans la profession dans le contexte de l'inégalité entre les sexes. Le résultat est Les Femmes journalistes, témoins de leur temps. »
Cet ouvrage, qui constitue une base de données vaste et remarquable par son ampleur et son contenu, intéressera les chercheurs travaillant sur l'histoire de la presse, les études consacrées aux femmes et au genre, ainsi que les étudiants et les universitaires des facultés de communication.
İsa Yannik