Turkish Airlines et Airbus ont annoncé l'aboutissement de longues négociations menant à un accord industriel historique : la vente de 355 avions. (un article de Hannah Berthomé)
Ce contrat, qui devrait être officialisé lors du Salon aéronautique de Dubaï à la mi-novembre, rentre dans le projet de Turkish Airlines de faire partie des premières compagnies aériennes européennes. Cette vente s'inscrit en effet dans une logique d'expansion qui a démarré il y a quelques années.
Une commande historique de 355 avions
La fameuse compagnie aérienne turque Turkish Airlines a annoncé être en pleines négociations avec l'industriel franco-allemand Airbus pour l'acquisition de plusieurs dizaines, voire centaines de nouveaux avions. Un accord de principe aurait été trouvé pour la vente de 355 avions, dont 240 seraient définitifs et 115 supplémentaires en option. Ils seraient livrés entre 2026 et 2036. Turkish Airlines a annoncé sur la plateforme de divulgation publique KAP qu'ils négociaient depuis un certain temps avec les fabricants d'avions et de moteurs, conformément aux objectifs de croissance qu'ils se sont fixés dans le cadre du plan stratégique couvrant les années 2023-2033. Si ce contrat venait à aboutir, il dépasserait le précédent record établi en février dernier par Air India, qui avait passé une commande de 250 avions à Airbus et de 220 appareils à Boeing, soit un total de 470 aéronefs.
Le nouvel aéroport d'Istanbul : un nouveau hub
La compagnie aérienne Turkish Airlines ne cesse de multiplier les efforts pour se placer sur le podium des premières compagnies aériennes. Elle s'est notamment massivement engagée en Afrique et en Asie. Par ailleurs, avec ses futurs long-courriers, elle veut être capable de relier sans escale l'Australie, dans l'objectif de servir la communauté turque expatriée mais également d'inciter les Australiens à se rendre en visite touristique en Turquie.
Si la compagnie peut se permettre de voir aussi loin, c'est grà¢ce à son nouveau hub, le gigantesque nouvel aéroport d'Istanbul. Entré en service en 2019 après une cérémonie d'inauguration en grande pompe en 2018, cet aéroport peut accueillir jusqu'à 90 millions de passagers par an. Des travaux d'agrandissement sont toujours en cours et devraient se poursuivre jusqu'en 2028. Ils permettraient à l'aéroport de doubler sa capacité d'accueil en la portant à 200 millions de passagers par an, ce qui ferait de cet aéroport le plus grand au monde. Avec 1 156 vols par jour en moyenne, il est aujourd'hui classé premier d'Europe. En effet, selon les données de l'Organisation européenne pour la Sécurité de la Navigation aérienne (Eurocontrol), il supplante les aéroports d'Amsterdam (1140 vols par jour) et de Paris (1122).
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la Turquie est l'un des rares pays à ne pas avoir fermé son espace aérien à la Russie. L'aéroport d'Istanbul a donc permis aux Russes désireux de quitter leur pays de trouver un lieu d'accueil. Son haut niveau de fréquentation s'explique par ailleurs bien évidemment par sa position géographique au carrefour de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient. La compagnie Turkish Airlines, et le trafic aérien turc de manière générale, ont également bénéficié de l'attractivité touristique du pays, qui a battu en 2022 son record de 2019 avec 46 milliards de dollars de recettes.
L'aéroport d'Istanbul : une construction très critiquée
La construction de ce nouvel aéroport a cependant fait l'objet de nombreuses critiques. Situé dans une zone naturelle au nord-ouest d'Istanbul, il a fallu arracher 13 millions d'arbres, et 55 ouvriers ont trouvé la mort sur le chantier. Les défenseurs de ce projet estiment quant à eux que l'ancien Aéroport Atatürk n'aurait pas pu répondre aux besoins actuels.
Plus qu'un simple aéroport, ce projet constitue un aménagement métropolitain de grandeur qui inclut par exemple la plus grande zone duty free au monde (55 000 mètres carrés). Bénéficiant d'une connexion par métro, autoroute et train, l'aéroport devait initialement également être connecté à la ville par voie maritime avec un autre mégaprojet, celui de Kanal Istanbul. Bien que ce dernier ait été mis de cà´té pour l'instant, la construction de l'aéroport intervient dans un contexte de transformation urbaine d'Istanbul. De grands aménagements, voire des projets pharaoniques ne cessent de voir le jour dans la ville turque.
Hannah Berthomé