La France est un étrange pays, les ministres tweet comme des journalistes et parlent comme des fonctionnaires. Le premier ministre disparu, les éditorialistes forment « Shadow Cabinet » de toutes les oppositions...
En France, la nomination du jeune Gabriel Attal nous amène à constater que le poste de Premier ministre a été, en pratique, supprimé. Cette fonction s'est en réalité réduite à celle de porte-parole.
Qui peut actuellement donner son avis en s'appuyant sur son expérience de la politique pour mieux guider M. Macron, le président de la République ? Selon les différents points de vue, la France compte pourtant plusieurs sages en matière de gestion de l'État.
Nous entendons par là que le poste de premier ministre n'est pas un lieu d'apprentissage. Dans un passé pas très lointain, nous avons connu de grands premiers ministres qui ont dirigé l'État avec leurs propres pouvoirs constitutionnels. Nous pouvons citer ici quelques exemples : Dominique de Villepin, Lionel Jospin, Alain Juppé, Jacques Chirac, Michel Rocard, Laurent Fabius, Pierre Mauroy, Michel Debré, Pierre Messmer, Jacques Chaban-Delmas et Raymond Barre.
Ces hommes d'État savaient parler avec les présidents qui les ont nommés Premiers ministres. Certains ont travaillé en cohabitation. C'est en pensant à ces Premiers ministres que nous avons pu lire dans Le Figaro, en début de ce mois de mars, la déclaration de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur, ancien ministre de la Défense et ancien ministre de l'Éducation nationale : « Les intérêts vitaux de la France ne se situent pas en Ukraine. La position d'Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes participe d'une fuite en avant irresponsable [...] Les Français ont élu Emmanuel Macron comme président de la République ; ils n'ont pas élu Volodymyr Zelensky. Ils n'attendent pas du président qu'il défende d'abord les intérêts de l'Ukraine ; ils attendent qu'il défende les intérêts de la France. »
Pour cet homme d'État très expérimenté, les propos d'Emmanuel Macron sur l'envoi de troupes en Ukraine mettent à mal la crédibilité de la diplomatie française et font peser le risque d'une troisième guerre mondiale sur le territoire européen.
Bien entendu, certains commentateurs pensent que le président bluffe, car d'une part la France ne dispose pas d'une telle capacité pour son armée de terre, et d'autre part, le président a fait cette déclaration sans consulter les militaires. Mais la France possède une force nucléaire dissuasive, et pour la déployer elle aussi, il faut que la France soit attaquée : c'est la doctrine de dissuasion qui l'oblige. Mais ce concept de dissuasion est partagé par d'autres pays... dont la Russie.
Pour sa part, le président turc a lui aussi fait une déclaration, affirmant : « Nous savons que derrière ces attaques se cachent des puissances impérialistes qui veulent diriger la Turquie comme elles l'entendent. Lafarge est venu en Turquie, ils ont construit des repaires pour les terroristes. La France est devenue le principal soutien du terrorisme. Nous avons enterré tous les abris de Lafarge dans le nord de la Syrie. à€ mesure que notre pays se renforçait sur les plans politique et diplomatique, de la production, de l'exportation et de l'industrie de défense, l'ampleur des pièges tendus contre nous s'est également accrue. Que feraient-ils d'autre s'ils n'avaient pas eu affaire au Covid-19 et à la guerre entre la Russie et l'Ukraine ? »
Et dans l'opposition française, M. Mélenchon, leader de La France insoumise, clame et réclame aussi « La paix, la paix » pour Gaza, ainsi que pour l'Ukraine.
Posons un regard d'ensemble sur ces deux guerres qui nous préoccupent parmi les autres conflits qui perdurent dans le monde. Les États-Unis approvisionnent la guerre en Ukraine et à Gaza. D'un cà´té, ils envoient une aide militaire à Israël, et de l'autre, une aide alimentaire à Gaza. En France, malgré les grands médias écrits et audiovisuels, les Français s'opposent à la politique de la guerre d'exécutif qui bute sur une négociation avec la Russie à propos de ses territoires perdus en Afrique.
Tout cela, ce sont des tactiques qui comportent de grands risques de propagation de la guerre. Pourtant, les Français n'écoutent plus ni les grands médias, ni le gouvernement. Pour eux, l'essentiel est la paix, afin de voir baisser le prix de leurs achats quotidiens.
« Une escalade qui peut être mortelle » : telle est la mise en garde de Dominique de Villepin sur LCI après les propos de Macron. La déclaration du président inquiète l'ancien Premier ministre, qui y voit un « risque ». Et il ajoute : « La logique de la force, quand elle n'est pas maîtrisée, conduit à une escalade qui peut être mortelle ».
Il faudra un cessez-le-feu immédiat et des négociations. La guerre n'est pas une solution. En Ukraine, dans les régions russophones, il faudra organiser une consultation populaire sous l'égide des Nations unies.
Mais si la guerre se poursuit, elle risque d'engendrer une autre guerre, sans doute plus large et physiquement plurielle.