Du 8 septembre au 28 octobre 2023 se déroulait en France la Coupe du monde de rugby 2023. (un article de Hannah Berthomé)
Événement très attendu par les Français qui accordent autant d'importance au rugby qu'au football ! Des bars et des pubs bondés les soirs de match, la Marseillaise chantée à tue-tête pour supporter les Bleus... Le XV de France a d'ailleurs ouvert la compétition face à la Nouvelle-Zélande et s'est imposé devant son public 27-13 : il s'agissait de la première défaite de l'histoire de la Nouvelle-Zélande en phase de poules de Coupe du monde. La France a cependant été éliminée rapidement du tournoi : lors des quarts de finale, elle se couche face à l'Afrique du Sud qui remporte le match 29-28. Retour sur cette Coupe du monde dont l'arbitrage a vivement suscité le débat.
Une organisation plutà´t réussie
Il s'agissait de la deuxième Coupe du monde de rugby accueillie en France (la première étant en 2007). Les spectateurs, les fédérations ou encore la Ville de Paris sont plutà´t unanimes : l'organisation était réussie. Malgré quelques complications, notamment à Bordeaux et Marseille, où les files d'attente pour rentrer dans les stades ont été très longues et où la bière a parfois manqué, tout s'est bien déroulé et la sécurité était au rendez-vous. Quant à la polémique du début du tournoi vis-à -vis des hymnes nationaux « massacrés » par des enfants, elle a vite été oubliée.
Un jeu décevant et les petites nations à la traîne
Les spectateurs ont notamment été déçus du manque de spectacle de cette Coupe du monde. Un niveau en-deçà des attentes et des matchs très fermés, comme entre l'Angleterre et l'Afrique du Sud, qui ont procuré un peu de suspens mais ne laisseront pas beaucoup de souvenirs. De nombreux matchs se sont avérés décevants et les nations les plus joueuses, soit la France, l'Irlande et la Nouvelle-Zélande, n'ont pas été récompensées.
Une énorme différence de niveau entre le gratin du ballon ovale et les petites nations a par ailleurs pu être observée. Aucune progression n'a pu être enregistrée lors des dernières éditions : la France a collé presque 100 points à la Namibie (96-0), ou encore la Roumanie a encaissé 242 points en trois matchs. Pour ces pays, participer à la compétition ressemble réellement à un calvaire.
Un arbitrage qui fait beaucoup parler
Lors du match de finale opposant l'Afrique du Sud à la Nouvelle-Zélande, une pluie de cartons jaunes s'est abattue sur le terrain : quatre, dont un qui s'est transformé en rouge. Dans toute l'histoire de la Coupe du monde de rugby, seul un carton jaune avait jusqu'à présent été distribué en finale...
On pouvait s'attendre à des controverses après ce match : l'arbitre, Wayne Barnes, a un passif lourd avec les deux équipes. Il avait notamment fait l'objet de menaces de mort de la part des supporters des deux camps lors de deux matchs à polémique, l'un en 2007 et l'autre en 2022. Cet arbitre iconique dans le monde du rugby était depuis sous protection. Mais la finale n'est pas le seul match dont l'arbitrage a été fortement critiqué : lors d'Afrique du Sud – France et d'Afrique du Sud – Angleterre, les polémiques ont été vives. Ce qui a surtout été pointé du doigt, c'est l'incohérence dans l'arbitrage. Ce qui a été pardonné à certains joueurs a été fatidique pour d'autres.
Par ailleurs, une nouvelle réglementation se développe de plus en plus : celle du « bunker ». Il s'agit d'une assistance extérieure à disposition des arbitres qui leur permet d'éviter de dégainer un carton trop rapidement. Cette méthode est cependant critiquée dans la mesure où elle réduirait l'autorité naturelle de l'arbitre sur le terrain et qu'elle déresponsabiliserait certaines décisions. La vidéo n'arrange rien : ce que l'on pouvait pardonner à un arbitre dans le feu de l'action est à présent beaucoup moins défendable.
Des leçons à tirer pour l'organisation des Jeux olympiques 2024 ?
Face à la présence massive de sécurité et d'une légion de forces de l'ordre pour la Coupe du monde, les spectateurs parisiens s'attendent à des JO barricadés, ce qui risque de tuer l'effervescence de l'événement. Les éliminations précoces de la France et de l'Irlande, qui aurait les meilleurs spectateurs au monde, a également freiné l'engouement. Comme l'observe le journal suisse Blick : « Avis aux sportifs français pour les JO : une compétition sans médaille et sans grande victoire laisse toujours un goût amer ».
Hannah Berthomé.