Le premier septembre 2023, la présidence du Conseil européen évoquait la perspective d'un nouvel élargissement de l'UE.
Ce serait le 8e élargissement depuis celui de 2013 à la Croatie, et depuis ce « désélargissement » que fut le Brexit en 2020.
Il est évident que le conflit russo-ukrainien qui fait rage depuis 2022, a causé de profonds bouleversements en Europe, ne serait-ce que suite aux récents élargissements de l'OTAN, conséquence directe des craintes des voisins immédiats de la Russie.
On se souvient que depuis 1991 et la désintégration de l'URSS, les élargissements à l'OTAN ont toujours précédé ceux de l'Union européenne.
Le même mécanisme pourrait se reproduire. Ainsi, tout en gardant en mémoire la candidature de la Turquie toujours en négociation, nous pensons en premier lieu à l'Ukraine, ainsi qu'à d'autres pays comme la Géorgie ou la Moldavie qui, inquiets en raison de leurs frontières situées à l'Est, pourraient bien rejoindre la liste. Ceci concernerait aussi un certain nombre de pays des Balkans de l'Ouest, ce qui apaiserait sans doute les tensions qui toujours réapparaissent dans la région. On pensera ici à la Bosnie-Herzégovine, au Kosovo, à l'Albanie, à la Serbie, la Macédoine ou encore le Monténégro.
Notre liste de candidats s'élèverait alors à neuf pays.
Mais qu'en est-il réellement en cette fin d'année 2023 ?
Ce qui est certain, c'est que les événements ont eu le mérite de relancer le débat au sein de l'UE. Ainsi, le président français Emmanuel Macron s'est rendu en Albanie à la mi-octobre à l'occasion d'un sommet des Balkans ; moment historique puisqu'il s'agissait du premier voyage officiel d'un chef d'État français dans ce pays. Emmanuel Macron souhaite en effet avancer plus rapidement dans le processus du futur élargissement en l'assurant pour le moyen terme ‒ ce qui est essentiel en matière de stabilisation ‒, même si cette accélération devait être temporisée.
Un débat s'est par ailleurs ouvert lors du Conseil européen du 6 octobre dernier à Grenade. Certes, la question des Balkans occidentaux est au cœur des débats, et les récentes tensions au nord du Kosovo sont là pour montrer que sans doute cet élargissement aurait un effet apaisant dans cette région qui reste tendue.
Cinq pays de la région sont en effet pour le moment candidats de même que, depuis juin 2022, la Géorgie (premier pays du Caucase concerné) et l'Ukraine.
En l'état, l'horizon fixé à ce qui serait donc un 8e élargissement est pour le moment l'année 2030.
Nous pouvons penser que le sommet balkanique de la mi-octobre et, dans ce cadre, du voyage du président français en Albanie, ont permis sans doute de remettre en marche le processus.
En effet la voie de la reprise des tensions, comme nous l'avons vu récemment à la frontière entre le Kosovo et la Serbie, est une impasse ; seule la voie de la diplomatie est viable et raisonnable dans une région où, ne l'oublions pas, les traces de la guerre sont toujours présentes.
On rappellera si besoin est que les investigations du Tribunal Pénal pour l'ex-Yougoslavie sont loin d'être terminées, et que les plaies de dix années de guerre civile seront longues à panser.
Ainsi, du moins dans les Balkans de l'Ouest, la voie de la dynamique de l'élargissement a manifestement été bénéfique pour l'ensemble de la région, avec ce cap de l'année 2030 qui a été fixé.
Gageons que tout cela va se poursuivre : ce serait là un moyen de montrer que, plus que jamais, l'Union européenne est vectrice de paix, alors que les conflits ou les risques de guerres se multiplient en cette fin d'année 2023.
Dr Olivier Buirette