Welthungerhilfe, cette ONG allemande qui opère en Turquie

Le 6 février 2023, la Turquie fait face à deux tremblements de terre atteignant une magnitude de 7,9. (un article de Hannah Berthomé)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Mars 2024

L’épicentre se situe à seulement quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau de la frontière syrienne, entre les villes de Gaziantep et Kahramanmaraş. Bien que les deux villes n’aient pas été complètement détruites, certains bâtiments historiques se sont effondrés, notamment le château se situant dans le centre-ville de Gaziantep. De nombreux habitants ont perdu leur habitation et sont aujourd’hui logés dans des camps constitués de préfabriqués octroyés par l’État turc. L’ONG allemande Welthungerhilfe fait partie de l’aide humanitaire très active qui s’occupe de ces camps. Son action en Turquie ne se résume cependant pas au séisme : cela fait maintenant des années qu’elle opère dans ce pays, notamment auprès des réfugiés syriens.

Organisation non gouvernementale allemande, laïque et politiquement indépendante, de coopération au développement et d’aide d’urgence, Welthungerhilfe travaille en Turquie depuis 2013. L’ONG a été fondée en 1962 et a mené plusieurs milliers de projets de soutien en Afrique, en Amérique Latine, ou encore en Asie. Sa mission se concentre surtout sur l’élimination de la faim et de la pauvreté dans le monde, tout en essayant de rendre les communautés concernées autonomes et auto-suffisantes. C’est selon cet objectif que Welthungerhilfe travaille en collaboration avec des organisations locales. Enfin, des projets sont réalisés en Allemagne pour renforcer la prise de conscience de ces problèmes par l’opinion publique et les gouvernements européens.

D’après un habitant de Gaziantep qui s’occupe des relations entre l’ONG et le gouvernement turc, Welthungerhilfe repose très peu sur des donations privées. Les principaux financements sont constitués de subventions de la part de l’État allemand ou bien de l’Union européenne.

C’est auprès des réfugiés syriens qui fuyaient la guerre que l’ONG a tout d’abord commencé son action en Turquie. En 2013, Welthungerhilfe s’attèle à leur fournir une assistance d’urgence qui constituait notamment à apporter du matériel pour affronter l’hiver : couvertures, vêtements, matelas, etc. Alors que la guerre n’en finissait pas et que les réfugiés syriens restaient en Turquie, l’ONG a changé son approche. Elle adopte à présent une vision de long terme en concentrant ses efforts sur la sécurité alimentaire, l’apport en eau et l’hygiène, l’environnement, ou encore le développement économique. Les actions sanitaires sont tout aussi importantes que celles contre la faim. On observe notamment une recrudescence de cas de tuberculose en Turquie en raison de la non-vaccination des enfants syriens. Des centres médicaux spécialisés dans cette maladie ont d’ailleurs ouvert à Gaziantep et dans le nord de la Syrie avec le soutien de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) afin de pouvoir traiter au mieux la maladie. Welthungerhilfe aide également les réfugiés dans leurs démarches administratives (permis de résidence par exemple) et dans leur apprentissage de la langue turque.

À Gaziantep, on retrouve près de cinq camps abritant des réfugiés syriens, dont la plupart sont constitués de tentes et non de préfabriqués. Mais depuis le séisme de février, la ville a vu naître d’autres camps : ceux des familles turques qui ont perdu leur logement. Welthungerhilfe a donc diversifié son activité pour apporter son aide à ces personnes dans le besoin.

La présence de l’ONG dans cette région de la Turquie, proche de la Syrie, est donc majeure : la sécurité alimentaire et sanitaire de milliers de personnes en dépend. Ses actions en Turquie, en Syrie, ainsi qu’au Liban, sont coordonnées par un bureau situé à Gaziantep.

Dans son mode d’action, la mission de Welthungerhilfe prend en compte les enjeux contemporains, tel que le changement climatique. Leur objectif de « zéro faim » d’ici 2030 s’inscrit ainsi dans cet état d’esprit durable. Leur principe directeur repose d’ailleurs sur « aider les gens à s’aider eux-mêmes ». Les actions de l’ONG se veulent ainsi être une simple étape et aide dans le cheminement des personnes en difficulté à trouver des solutions économiques et sociales sur le long terme. Welthungerhilfe souhaite ainsi que ces personnes puissent un jour être en mesure de vivre correctement par elles-mêmes, sans ces aides humanitaires.

Hannah Berthomé