Nouvel an 2024

La nouvelle année engendre toujours de nouveaux enthousiasmes, de nouveaux projets, de nouveaux travaux, de nouvelles amours, et est pleine de divers changements.

Par Dr. Hüseyin Latif
Publié en Février 2024

Avec le dernier numéro de 2023, ALT_225, nous avons publié une encyclopédie géante de 3197 pages, depuis le 1er avril 2005. Ainsi, nous allons annoter l’Histoire.

J'ai passé mon enfance avec les margarines Vita et Sana, puis la tendance fut à l'huile de tournesol. L'huile était livrée à domicile dans de grands bidons, et la margarine Sana, achetée en colis. Durant mes années universitaires et les années suivantes, nous n’acceptions chez nous aucune huile autre que l’huile d’olive. Bien sûr, le beurre tenait une place à part.

En fait, nous utilisons l'huile de ce « fruit sacré » dans nos salades et nos plats cuisinés depuis notre enfance. Nous avions certains critères : elle devait être pressée à froid, et de la marque Komili. Pour une raison quelconque, nous avions adopté Komili pour l'huile et le savon. Peut-être était-ce dû à l’influence de nos riches voisins d’Ayvalık, dont je flirtais avec les filles ? Ils avaient aussi des oliveraies, mais à l’époque, ils n’avaient à ma connaissance ni apporté ni vendu d’olives ou d'huile d'olive à Istanbul.

Les olives et l'huile d'olive doivent avoir été inscrites dans les codes culturels d'un Stambouliote de quatrième génération comme moi…

En ce qui concerne mes codes culturels, il m’est impossible d’oublier les journaux et les livres. Les magazines que je publie, ainsi que la vingtaine de livres que j'ai écrits et édités, m'entraînent vers de nouvelles réflexions à chaque nouvelle année de ma vie. À une époque où il était quasiment impossible de mesurer l'inflation réelle, je me souviens encore des paroles de Fatih Altaylı lors du panel organisé pour célébrer le deuxième anniversaire du Monde diplomatique en turc : « L'information et l'actualité ont une valeur, et cette valeur a un coût. »

Au lendemain de ce panel, je suis allé rendre visite à ma chère Mme Zeynep Kürşat. « Lançons une campagne d'abonnement au journal », a-t-elle déclaré quand elle a entendu que les entreprises françaises n’étaient pas abonnées au journal... Elle était en émoi, et j'ai vu l'expression de son visage, emplie de bonté et de paix... Je me suis soudainement souvenu de mes voisins d'Ayvalık, ils rayonnaient de la même expression. Ainsi, Ayvalık, les oliviers, les olives et l'huile d'olive, apportent la paix aux gens. Cela doit être la raison pour laquelle notre cher professeur İlber Ortaylı nous a récemment appelés à acheter des oliveraies…

J'ai un autre ami qui a récemment acquis trois oliveraies : le célèbre peintre Barış Sarıbaş.

Zeynep Kürşat est la fille d'une famille de producteurs d'huile d'olive appréciée et respectée à Ayvalık, diplômée de la Faculté d'Agriculture de l'Université d'Égée, la même faculté que moi. Elle sort du Département de la protection des végétaux ; moi, du Département de la culture et de l'amélioration des grandes cultures... Bien sûr, nos années d'obtention du diplôme sont différentes.

Lors de ma visite, elle m’a dit que la récolte de cette année était faible, mais que les huiles d'olive étaient de meilleure qualité que jamais. Pendant que nous discutions dans sa boutique de Nişantaşı, nous nous sommes aussi entretenus brièvement avec les clients. Tout le monde quittait le magasin avec le bonheur d'acheter ce liquide sacré… C'était pour moi un constat fascinant.

En plus de la nouvelle récolte qui m'est envoyée chaque année, j'ai vu cette année un produit très spécial qui a retenu mon attention : une huile d'olive extra vierge naturelle, soigneusement

récoltée dans les jardins et produite par pression à froid à l’occasion du 100e anniversaire de notre République. Mehmet Tevfik Bey et sa famille, premiers représentants de la production actuelle d'huile d'olive à Ayvalık, sont venus de Crète à Ayvalık en 1923, suite au Traité de Lausanne, et y ont commencé une nouvelle vie. Bref, ce produit « spécial République » représente ce nouveau départ…

Cette année, la famille célèbre le 100e anniversaire de la République de manière très significative avec le « Musée Kürşat d’Ayvalık de l'industrie de l'huile d'olive », qu'elle prépare depuis longtemps.

Pour en revenir à notre cher Barış, il possède trois oliveraies différentes dans trois lieux mythologiques. En évoquant l'oliveraie de Gökçeada, connue comme l'île de Poséidon, dieu des mers, il parle du trio raisin/vin, olive et figue de l'île, en tant qu’ « enracinement ». Il a installé son atelier de peinture dans l'oliveraie de Palamutbükü, foyer de la civilisation de Cnide datant de 2500 ans. Un deuxième atelier sera créé dans son oliveraie de Kemalpaşa, à 29 km d'Izmir. Il s'agit d'un point de transition entre les villes de Smyrne (Izmir) et de Sardes (Ilydia), théâtre de nombreuses colonies dans l'Antiquité.

Il y a beaucoup à dire sur les olives. Mais terminons cet article en ajoutant que c’est grâce à elles que le célèbre mathématicien et philosophe Thalès a pu vivre dans l’aisance…

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Par ailleurs, j’ai rendu une visite de courtoisie à l’ambassadeur de Turquie en France, S.E. Monsieur Yunus Demirer. J’écrirai ultérieurement sur cette rencontre très intéressante. J’ai été beaucoup touché par son accueil chaleureux. Et, nous avons longuement discuté au sujet du journal.