Les artistes de la Sécession viennoise voulaient ériger l'art en principe supérieur, et leur volonté de transformer la vie en phénomène esthétique, de renouveau spirituel, est devenue le fondement de leur étonnante démarche artistique.
La Sécession viennoise, s'insurgeant contre la vieille mentalité aristocratique élitiste et académique, fut un mouvement inspiré vers un monde de modernité, vers une société plus humaniste, expressionniste, socialement plus puissante et consciente que jamais.
Né à la fin du XIXe siècle, ce courant de l'Art Nouveau s'est épanoui en Autriche pour innover dans l'architecture, l'art graphique, le tissu industriel et le design de meubles. Sa nouvelle méthode de peinture s'inspire spirituellement de la Grèce antique.
Cet article sera consacré à Gustav Klimt, l'une des figures fondatrices majeures de cet extraordinaire mouvement et dont l'œuvre me tient particulièrement à cœur en raison de son talent exceptionnel dans sa quête d'authenticité et de simplicité des matériaux et des formes.
Issu d'une famille pauvre, Gustav Klimt est né en 1862 à Baumgarten, en Autriche, tout près de Vienne, capitale artistique. Déterminé à percer dans le monde de l'art, il décida d'apporter les dernières tendances créatives de l'art en Autriche ; et pour trouver l'inspiration, il s'est tourné vers l'Europe occidentale et le mouvement de l'Art Nouveau. Klimt pensait que l'art devait être libre de toute idéologie conservatrice et de tout historicisme, et que les artistes devaient avoir la liberté d'exprimer cette idéologie, qui est devenue la pierre angulaire du mouvement.
Dans ses tableaux, Klimt peint les femmes comme des êtres mythiques. Pour peindre des femmes d'une telle beauté et d'une telle forme, il puise son inspiration dans des figures féminines légendaires, telles que Judith et Salomé. Son intention de s'écarter de la méthode de peinture conventionnelle apparaît clairement dans son style de peinture.
Ainsi, dans le Portrait d'Adèle Bloch Bauer ou La Dame en or, l'une de ses œuvres les plus célèbres, il y a abondance de naturalisme et de symbolisme décoratif. La forme et le style naturalistes du visage, son teint, la forme des yeux, une sorte de forme elliptique, sont étonnants et beaux à regarder. La robe d'Adèle, composition merveilleuse qui occupe une partie importante de l'oeuvre, comporte des motifs dérivés de l'Égypte ancienne tels que l'œil d'Horus, symbole de protection pour les Égyptiens. Klimt a magistralement utilisé cet antique symbole pour Adèle afin de la préserver de tout danger, car elle souffrait d'une santé fragile.
Cette œuvre est aujourd'hui considérée comme à l'apogée du « Cycle d'or » de l'artiste. Car Gustav Klimt a inventé l'art d'utiliser la feuille d'or en arrière-plan, de peindre sur l'or avec un lavis sombre et de le décorer avec des taches de couleur et des objets. Son but n'était pas de compliquer un tableau ou une figure de son tableau, mais d'explorer le symbolisme avec simplicité et efficacité. Pour se connecter avec les masses, Gustave Klimt a réussi à fusionner dans sa peinture figures grandeur nature, ornements abstraits et motifs bidimensionnels. Ses peintures étaient belles à voir : l'utilisation, parfois, de symboles mythiques et d'ornements aux couleurs vives sur une chair exposée et rendue de manière très réaliste, était enivrante à regarder ; sans parler de la composition érotique de ces œuvres, qui créait une aura de sensualité jamais vue auparavant.
Son style était fortement influencé par la mosaïque byzantine. Passionné par l'utilisation de la mosaïque dans l'iconographie byzantine, Klimt visitait souvent les églises byzantines médiévales pour s'inspirer, et en examiner les techniques de mosaïque pour les intégrer dans ses peintures. L'utilisation par Klimt des
feuilles d'or comme objet de désir n'était pas seulement d'embellir ses peintures, il souhaitait également y insuffler un sentiment d'opulence digne de la société viennoise.
Mort à l'à¢ge de 58 ans, Gustav Klimt a laissé derrière lui plusieurs œuvres inachevées. S'il avait vécu plus longtemps, combien d'autres chefs-d'œuvre pourrions-nous encore admirer...
Mehdi Emami