Mens sana in corpore sano*

Voici bientôt neuf ans, une femme, à l’âge de trente ans, a quitté son emploi dans le secteur privé et a décidé de percer dans le monde du sport. (un article d'Ekin Çankal)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Février 2024

Au début, elle a commencé par l'alpinisme hivernal en haute altitude. Puis elle a continué avec les ultra-marathons. En 2019, cette femme s’est interrogée : pourquoi ne pas devenir une Iron Woman ? Oups, Ironman… Mais ce projet a été interrompu par la pandémie. Néanmoins, avec quelques années de retard, elle a enfin fait un Ironman en 14 heures 8 minutes avec seulement deux mois d’entraînement. Autrement dit, 3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42,195 km de course à pied. Cela vous sidère ? Son histoire n’est pourtant pas encore terminée ! Les préparations de l’Ironman lui ont ouvert une nouvelle porte : celle de la natation, qu’elle pratique régulièrement depuis seulement quatre ans. Ainsi, c’est pendant la course de natation au détroit de Çanakkale en 2022 que j’ai fait la connaissance de cette femme exceptionnelle : İrem Sönmez.

Aujourd’hui, elle a 39 ans et en tant qu’entraîneur personnel, elle ne cesse de se lancer des défis sportifs. Avant de l’âge de 30 ans, l’activité physique et sportive n’occupait pas de place importante dans sa vie. Néanmoins, il n’est jamais trop tard pour commencer. Et elle le montre bien !  

Inspirée par notre amie iranienne Raha Akhavan-Tabatabaei qui a traversé les 20 ponts de Manhattan à la nage en été en 2023 pour la bonne cause : recueillir des dons en faveur des femmes iraniennes qui ont perdu leurs yeux pendant les manifestations en Iran, İrem s’était motivée pour un nouveau défi intense nécessitant une bonne préparation physique et mentale. « En général, les nageurs de longue distance préfèrent les canaux comme la traversée de la Manche. Cela nécessite de longues périodes de préparation, mais je suis impatiente et je n’aime pas attendre : dès que je me lance le défi, il faut que je le réalise le plus vite possible », dit-elle. À la suite de la performance de Şahika Ercümen qui a battu le record du monde de plongée en apnée en honneur du 100e anniversaire de la République de Turquie, İrem Sönmez a décidé de nager 24 heures d’affilée pour la même commémoration. Nager pendant 24 heures, c’est une expérience qui peut être considérée comme synonyme de dépassement de soi et de résilience. 

Elle explique qu’elle a dû se préparer en peu de temps, étant donné que le calendrier avait été modifié en raison des conditions météorologiques. Il ne lui restait donc que cinq semaines, pendant lesquelles elle a fait de la natation pendant 6-10-15 heures. Elle a alors traversé les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et elle a pris de l’assistance professionnelle au niveau de la nutrition et de l’hydratation. « Pendant 24 heures, j’étais tellement concentrée sur mon corps ! C’était primordial de suivre les besoins de mon corps et aussi ma situation mentale. Le fait qu’il n’y ait personne qui l’ait déjà tenté en Turquie m’a motivé davantage. Peut-être que cela vous va paraitre un peu égocentrique, mais j’étais intimement convaincue je serais la seule personne qui pourrait accomplir », déclare-t-elle. En 10e heure, elle a ressenti une vive douleur et une crampe au bras gauche. Elle a lutté mentalement contre la souffrance pendant trois heures, puis dû continuer à nager sur le dos avec le bras droit vu que la douleur persistait. Elle a pourtant réussi à terminer le parcours et atteindre son objectif. Au final, İrem a nagé sans cesse 24 heures au bord de la mer, à Maltepe, entre le 21 et le 22 septembre 2023, en l’honneur du 100e anniversaire de la République de Turquie mais aussi pour attirer l’attention sur la violence envers les femmes.  

J’ai eu la chance d’assister à l’arrivée d’İrem au terme de son exploit de 24 heures. Pour elle, montrer sur la ligne d’arrivée, à la fin de chaque épreuve, le drapeau de la Turquie sur laquelle figure la photo Atatürk, est un véritable rituel. Au contraire des gens qui l’attendaient, émus et inquiets, tout en elle respirait l’énergie, le bonheur et la joie. Le corps et l’esprit sont indissociables. Car malgré toutes les difficultés, une fois la décision prise et les préparatifs accomplis, rien n’est impossible. N’oublions jamais le fameux adage des Grecs de l’Antiquité « Mens sana in corpore sano », à l’origine de la fameuse devise d’Atatürk adressée au peuple turc : « Un esprit sain dans un corps sain ».  

Ekin Çankal

*« Un esprit sain dans un corps sain. » Cette expression est largement utilisée dans les contextes sportifs et éducatifs pour exprimer la théorie selon laquelle l'exercice physique est un élément important ou essentiel du bien-être mental et psychologique.