Sommet du G20 en Inde, état de santé fébrile, embarras total pour la Maison-Blanche à Hanoï et procédure d'enquête en destitution : l'avenir du président américain en politique semble plus que jamais compromis. Après avoir montré tant de faiblesses, il devient compliqué pour le démocrate d'aborder la future campagne avec sérénité. (Un article de Hannah Berthomé)
Selon les calculs de l'ONG Global Footprint Network, si nous vivions tous comme des Américains, il faudrait environ cinq Terres pour subvenir aux besoins de l'humanité. C'est pour cette raison que les États-Unis étaient particulièrement attendus lors du sommet du G20 les 9 et 10 septembre à Delhi. En effet, l'Inde s'était donné pour mission de placer les enjeux environnementaux au centre des débats.
Quelle a été la surprise des journalistes face aux réponses étonnantes et confuses de Joe Biden sur le changement climatique lors d'une conférence de presse à Hanoï à la fin du sommet du G20 ! Selon les propos rapportés par SkyNews, le président américain ne cessait de faire allusion à un film avec John Wayne et évoquait des « soldats poneys menteurs à tête de chien sur le réchauffement climatique ». Après qu'il ait qualifié les pays d'Asie de « tiers-monde », la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, s'est sentie obligée d'interrompre le président en coupant son micro pour lui éviter davantage de gêne.
Ce n'est pas la première fois que le président américain tient des propos dénués de sens et donne ainsi raison à ses détracteurs qui ne cessent de critiquer son état de santé. Son à¢ge était déjà pointé du doigt lors des dernières élections, mais cela risque de devenir l'élément central des débats des élections de 2024. Dans un contexte de crise climatique, d'accroissement incessant des inégalités ou encore de guerre en Ukraine, les États-Unis, en tant que première puissance mondiale, ont la responsabilité de concentrer leurs efforts sur des enjeux plus urgents et pertinents.
Comme si cela n'était pas suffisant, Joe Biden est également victime d'une enquête en destitution venant du Parti républicain. Cette enquête, liée à la participation du président aux affaires commerciales douteuses de son fils Hunter en Chine et en Ukraine, pourrait constituer la première étape d'un impeachment. En effet, cela fait maintenant des mois que le fils de Joe Biden sert de cible privilégiée pour attaquer le président. Ses affaires en Chine et en Ukraine font suite à un passé tumultueux d'addictions à la drogue ou encore de détention illégale d'arme à feu. Alors que Joe Biden affirme « ne pas se focaliser » sur l'enquête en destitution, il devient difficile de prendre sa défense au sein même de son propre camp.
Ainsi, avec les enchaînements de bourdes face aux journalistes ou encore des chutes en public, la santé du président constitue une réelle source d'inquiétude chez les Américains. Les médias américains publient régulièrement des sondages quant à l'opinion publique sur son état de santé [1] . Au mois de mars dernier, des détails sur l'état de santé du président avaient d'ailleurs été rendus publics. Il avait été opéré pour cause d'une lésion sur la peau de la poitrine, qui s'était révélée cancéreuse. Les médecins avaient cependant estimé qu'il n'y avait rien d'alarmant et qu'aucun traitement n'était nécessaire.
Bien que les polémiques proviennent principalement du camp républicain, l'à¢ge et l'état de santé du président pourraient donc s'avérer déterminants dans la future campagne. Tout cela combiné à l'ouverture de l'enquête en destitution, il semblerait que Joe Biden ait besoin de montrer ce dont il est capable pour s'assurer une place dans la campagne de 2024. Il semble par ailleurs rester discret et ne pas prendre la parole sur ce sujet. Il laisse ainsi la responsabilité de cette communication à sa porte-parole, alors que les Américains apprécieraient d'être rassurés par leur président.
Hannah Berthomé
[1] Selon les chiffres publiés par la chaîne américaine CNN, 73% des électeurs américains s'inquiètent de l'état de santé du président américain.