Asteroid City

Asteroid City, le dernier film de Wes Anderson, est un mélange qui reflète le style de vie américain des années 1950, la culture pop, la science-fiction et la paranoïa de la guerre froide.

Par Simruğ Bahadır
Publié en Août 2023

Il captive par ses nombreux personnages et ses lignes narratives différentes. Une intrigue complexe qui cependant rend parfois difficile la compréhension de certaines situations…

Le film s'ouvre sur une pièce de théâtre présentée par Bryan Cranston, animateur de télévision. La pièce, écrite par Conrad Earp et interprétée par Edward Norton, se déroule dans une version fictive de la ville d'Asteroid City. Et tout au long du film, Anderson fera en sorte que le spectateur ne sorte jamais de cette perception de « production fictive ».

L'intrigue se déroule donc à Asteroid City, connue pour son cratère de météorite et son observatoire, lors d'un congrès qui récompense les projets scientifiques de quatre lycéens. Ces projets, dont le rayon de la mort, sont très avancés, à la fois effrayants et comiques. Lors de la cérémonie de remise des prix surgit un extraterrestre, et la ville est aussitôt mise en quarantaine par l’armée. Mais l’information va fuiter…

L’atmosphère du film est colorée et vivante. Le directeur de la photographie, Robert Yeoman, nous entraîne dans un tour à 360 degrés à travers Asteroid City. La petite ville est située dans un désert où dominent des couleurs pastel, entourée de montagnes imposantes de chaque côté d'une autoroute déserte. On y trouve une seule station-service, un petit café, un motel…

Les personnages du film sont souvent présentés non pas comme eux-mêmes, mais comme les acteurs qui les jouent, ce qui rend la perception de la réalité complexe, bien que le film alterne entre le noir et blanc et la couleur selon qu’il s’agisse de la production fictive ou de l’intrigue principale. Par exemple, Scarlett Johansson, qui joue le rôle de la star Midge Campbell, est présentée comme une star jouant le rôle d'une autre star. Cette composition en abîme brouille les frontières entre réalité et fiction dans le film et amène le spectateur à naviguer constamment entre les deux.

Une autre caractéristique marquante du film est que les événements et les répliques absurdes prennent parfois le dessus sur la narration. Par exemple, la scène où Augie met sa main sur une grille chaude, sans raison apparente. Cet événement, dénué de sens, donne en fait au film une dimension universelle et devient une métaphore de l'incompréhensibilité de la vie que nous vivons, mais dont nous ne comprenons pas toujours la signification. Par ailleurs, outre ces éléments soulignant l’absurdité de l’existence, le film aborde des sujets émotionnels et délicats tels que la notion de famille, la mort et le deuil…

Asteroid City est donc un nouveau succès pour Wes Anderson. Cependant, avec ses scènes difficiles à comprendre et par certains indices cachés qui y sont insérés, il semblerait qu'Anderson prenne du recul par rapport à son propre film. Citons en particulier la scène du balcon où Margot Robbie, qui joue un personnage issu de la pièce de théâtre, apparaît avec en arrière-plan l'affiche du film « La mort d'un narcissique ». Wes Anderson, par autodérision, fait-il référence à son propre film et à sa propre réalisation ? Veut-il parler de la fin de son propre cinéma ? Qui sait…

Toutefois, ce film n'est sans doute pas l'un des meilleurs d’Anderson. Malgré un casting pléthorique (Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Jeffrey Wright, Tilda Swinton, Bryan Cranston, Edward Norton, Adrien Brody, Liev Schreiber, Hope Davis…), le film ne parvient pas à répondre pleinement aux attentes en raison de certaines scènes incompréhensibles qui laissent des questions en suspens.

En conclusion, Asteroid City est un film qui captive le spectateur par son intrigue complexe, son atmosphère colorée et absurde et ses différents degrés de lecture. Certes, cette complexité peut parfois rendre la compréhension du film difficile. Cependant, les frontières floues entre réalité et fiction et les thèmes universels obligent le spectateur à la réflexion et à une constante remise en question.

Simruğ Bahadır