Claude Barzotti ‒ de son vrai nom Francesco Barzotti ‒, né le 23 juillet 1953 à Châtelineau, fils d’un mineur italien, est décédé le 24 juin dernier, à son domicile de Court-Saint-Etienne, en Belgique. Atteint depuis plusieurs années d’un cancer du pancréas aggravé par son addiction à l’alcool, son état de santé s’était gravement détérioré depuis plusieurs semaines. C’est son manager qui a annoncé son décès dans un communiqué à l’Agence France-Presse : « Claude Barzotti est mort à 69 ans dans son lit, entouré de ses deux filles. »

Claude Barzotti est devenu célèbre il y a une quarantaine d’années, notamment auprès de la communauté italienne, grâce à sa chanson Le Rital, tube devenu numéro 1 en Belgique mais également en France. « Le Rital » deviendra d’ailleurs le surnom officiel du chanteur. Ce titre n’est cependant pas son seul succès : Madame et Aime-moi, marqueront les années 1990. Parallèlement à sa carrière d’artiste, Claude Barzotti soutenait également la recherche contre le cancer et contre la leucémie.

Son manager a déclaré à son propos : « Barzotti préférait qu'on le qualifie de chanteur d'émotion plutôt que romantique. C'était un écorché vif, un vrai sensible, qui a bu pour lutter contre son trac. » En 2009 déjà, Barzotti avait confié son vécu et ses problèmes d’alcoolisme à un journaliste : « J’ai tout tenté pour guérir. Mais l’alcoolisme est une maladie, il est très dur d’en sortir. C’est un combat plus que difficile. Je vois bien la désapprobation de mes amis, de mes parents (…), de mes filles. Mais rien n’y fait car, même si l’on sait qu’on rend ses proches malheureux, la priorité reste l’alcool. À tout prix. » Il n’avait jamais bu un verre de vin avant ses 33 ans, mais l’angoisse de se produire sur scène a tout changé, dit-il. « J’ai toujours eu peur de décevoir. Au début, on prend un verre pour se donner du courage. Trois jours après, c’est deux verres, ensuite trois. C’est l’engrenage, puis l’escalade. »

Claude Barzotti avait relaté au Matin suisse les péripéties de son enfance, dont une partie passée en Italie chez son grand-père. La musique était déjà présente. « Je jouais dans les bals du samedi soir avec un orchestre, à 45 km de chez moi. Je recevais entre 15 et 17,50 euros pour la soirée (…) À mes débuts dans la chanson, j’ai également été professeur de musique, maçon, mécanicien vélo. Mon titre Madame, je l’ai écrit à 20 ans alors que j’étais mécanicien. La chanson parle d’une femme de la quarantaine que j’avais vue durant ma pause. Je n’avais pas osé l’aborder. J’ai aussi été directeur artistique chez les disques Vogue dès 22 ans. »

Madame connaît un magnifique triomphe : 1,7 million d’exemplaires vendus. Barzotti ira même la chanter au Canada. Un autre succès va lui coller à la peau : Le Rital, chanson qui traduit ses premières souffrances et sa fierté d’enfant d’immigrés. « À l’école quand j’étais petit / Je n’avais pas beaucoup d’amis / J’aurais voulu m’appeler Dupond / Avoir les yeux un peu plus clairs / Je rêvais d’être un enfant blanc / J’en voulais un peu à mon père / C’est vrai, je suis un étranger / On me l’a assez répété / J’ai les cheveux couleur corbeau / Je viens du fond de l’Italie / Et j’ai l’accent de mon pays / Italien jusque dans la peau… » Suivront d’inoubliables tubes.

Son tour de chant est un triomphe. Il remplit l’Olympia. En 2006, le cinéma lui offre un superbe clin d’œil : dans le premier épisode de Camping, le personnage interprété par Mathilde Seigner n’écoute que du Barzotti…

Les obsèques de Claude Barzotti se sont déroulées en Belgique, à Court-St-Etienne, réunissant la famille et les fans de l’artiste. L'église était comble, et de nombreux fans ont pu suivre la cérémonie de l'extérieur, sur des écrans. Ses deux filles, Sarah et Vanessa, lui ont rendu un vibrant hommage. Claude Barzotti a ensuite été inhumé dans le cimetière communal.

Aleyna Urgen