Un début d’été 2023 avec IKSV et l’Institut français de Turquie

Un mois après le début de l’été, j’écris mon édito allongée sur mon hamac dans un jardin verdoyant, sous un clémentinier, bercée par le chant des cigales. Il fait chaud mais qu’importe, la mer fraiche d’un bleu intense est à quelques mètres à peine de l’endroit où je me trouve. Je m’y plongerai une fois mon article terminé. 

Par Dr. Mireille Sadège
Publié en Août 2023

Depuis de très nombreuses années en France, c’est la fête de la musique qui marque l’arrivée de l’été, le 21 juin au soir, soit le jour le plus long de l’année. Mais à Istanbul, pour moi, l’été arrive en juin avec le Festival international de musique d’Istanbul, véritable fête musicale organisée par la Fondation culturelle de la Ville d’Istanbul (IKSV). Cette dernière organise d’autres festivals qui rythment la vie culturelle de la ville, comme les festivals de Jazz et de Théâtre. Elle dirigée par une équipe professionnelle, chevronnée et rodée depuis plus de 50 ans. À sa tête : Bülent Eczacıbaşı, principal mécène de cette fondation ; Görgün Taner, son directeur général et Yeşim Gürer Oymak, directrice adjointe, tous les deux francophones. Avec Efruz Çakırkaya, directrice du Festival de musique, ils sont incontestablement très brillants dans leur travail. 

La 51e édition du Festival international de musique d’Istanbul s’est déroulée du 1er au 17 juin. Je n’ai pas pu assister au concert d’ouverture car il coïncidait avec la 15e cérémonie de remise du Prix littéraire Notre-Dame de Sion qui avait lieu au Palais de France, sous le patronage de l’ambassadeur de France en Turquie, SE Monsieur Hervé Magro. Le Prix consacrait deux jeunes et brillantes écrivaines turques. Zeynep Kaçar est la lauréate de 2023 avec son roman Yalnız (Solitaire), qui relate l’histoire de l’émancipation d’une femme sous l’emprise d’un homme qui l’avait transformée en esclave. 

La Mention 2023 a été décernée à Hande Ortaç pour son recueil de nouvelles Daha iyi misin ? (Tu vas mieux ?), encore des histoires de femmes qui s’engagent et qui se battent pour un monde meilleur. Vous pourrez lire leurs interviews dans ALT du mois de juillet. Je félicite les lauréates de cette 15e édition ainsi que les membres du jury qui contribuent admirablement à la réussite de ce Prix. 

Le soir du 3 juin, j’étais au Centre culturel Atatürk (AKM) pour le concert de Barbara Hannigan, qui venait pour la première fois en Turquie à cette occasion. La célèbre soprano et cheffe d'orchestre canadienne était accompagnée par l’Orchestre philharmonique de Borusan d’Istanbul. Hannigan a interprété les œuvres tout en dirigeant l'orchestre. Lors de cette soirée, elle a brisé les stéréotypes habituels des concerts de musique classique en présentant au public une performance d’une énergie sans faille. J’étais assise aux côtés de Murat Cem Orhan, directeur artistique d’une des salles emblématiques d’Istanbul, la salle Cemal Reşid Rey (CRR), et nous avons été subjugués par la performance de l’artiste. 

Le 5 juin, je me plongeais dans l'atmosphère historique de l'Opéra Süreyya pour écouter Lucienne Renaudin Vary, l'une des trompettistes les plus extraordinaires de sa génération. La jeune musicienne française, qui fascine les mélomanes par son talent, a interprété un répertoire exceptionnel avec l’ensemble de musique de chambre Borusan Quartet. Cette rencontre a été l'un des événements les plus attendus du Festival.

Le 7 juin, « Les Vents Français soufflaient à Istanbul », plus précisément dans le jardin du Palais de France. Éric Le Sage, l'un des plus grands pianistes de France, et Les Vents Français, le célèbre quintette d'instruments à vent, se retrouvaient pour interpréter des œuvres de compositeurs français comme Ibert, Ravel, Saint-Saëns et Poulenc, ainsi que Mozart et Beethoven. Un concert très apprécié par le public venu très nombreux pour applaudir ces talentueux musiciens.

En fin d’après-midi du 8 juin, je monte à bord de la frégate Languedoc, qui est arrivée à Istanbul dans le cadre d’une mission de l’OTAN, pour participer à la réception organisée par le consul général de France à Istanbul, Monsieur Olivier Gauvin. Lors de cette soirée extraordinaire, j’ai pu visiter les différentes parties du navire et découvrir la vie à bord avec le commissaire Victor Germain, qui a aimablement répondu à toutes mes questions. Une soirée inoubliable.

Le soir du 13 juin, le Festival de musique d'Istanbul a célébré le 60e anniversaire d'Anne-Sophie Mutter, l'une des plus grandes virtuoses du violon de notre époque. La célèbre artiste allemande a donné un concert inoubliable avec l'orchestre à cordes Mutter's Virtuosi, composé de jeunes musiciens soutenus par la fondation qui porte son nom, dans la salle d'opéra du Centre culturel Atatürk.

Le 16 juin, l'Orchestre du Mozarteum de Salzbourg dirigé par le chef Matthew Halls et l'une des plus grandes virtuoses du violon, Arabella Steinbacher, se sont réunis pour ce 51e Festival de musique d'Istanbul. La violoniste allemande, connue pour son vibrato riche, son intonation parfaite et sa performance extraordinaire, était déjà venue il y a 8 ans à Istanbul et était à nouveau l'invitée du Festival. Une soirée inoubliable entièrement dédiée à Mozart. 

L’événement du début de juillet a été l’arrivée en Turquie de l’Orchestre national de Metz Grand Est invité par l’Institut français de Turquie dans le cadre du projet « Les Notes de l’espoir », pour des actions et des concerts dédiés aux élèves et professeurs de musique issus de la région du séisme du février 2023. C’est ainsi que nous avons pu suivre le jeudi 6 juillet, dans la salle CRR, un concert exceptionnel de l'Orchestre de Metz Grand Est organisée en collaboration avec IKSV, la Municipalité métropolitaine et la salle CRR. L’Orchestre, dirigé par son chef et directeur musical David Reiland, a présenté des oeuvres de Debussy, Beethoven (Symphonie n°5) et Saint- Saëns (Concerto pour piano n°5), avec le jeune pianiste turc Can Çakmur, lauréat du concours d’Hamamatsu au Japon. L’Orchestre a interprété également une œuvre du compositeur turc Ahmed Adnan Saygun sous la baguette du chef Murat Cem Orhan. 

Le 12 juillet se sont déroulées à Istanbul les festivités pour la Fête nationale française. Cette année, pour la première fois, j’ai participé à la réception pour la Fête nationale française organisée au consulat français d’Izmir. J’ai profité de l’occasion pour visiter la magnifique exposition du centre d’art Arkas intitulée « Fenêtre » (« Pencere »), provenant de la collection de M. Lucien Arkas. De sublimes tableaux avec des fenêtres qui donnent soit sur la mer, soit sur des jardins. À visiter absolument si vous allez à Izmir. 

Dr Mireille Sadège